Durant de nombreuses années, les céréales ont été utilisées comme moyen d’augmenter la valeur énergétique des rations distribuées aux chevaux. Si elles permettent effectivement d’apporter de l’énergie au cheval, la majeure partie de celles-ci se trouvent sous forme d’amidon; et un excès d’amidon dans l’alimentation peut provoquer des troubles digestifs chez le cheval tels que la fourbure, les coliques ou les coups de sang. Mais alors quelles sont les autres sources d’énergie pour le cheval de sport ?
Le cheval est un herbivore
La première source d’énergie pour le cheval de sport reste les fibres « conventionnelles », à savoir l’herbe, le foin et l'enrubanné. En effet, le cheval est un herbivore et son système digestif est conçu pour dégrader les fibres ingérées et les valoriser énergétiquement. Pour le cheval, 3 kg de foin représentent le même apport énergétique qu’1 kg d’orge ! De plus, le cheval est adapté pour une ingestion importante de fibres, ce qui va également lui permettre de rester occupé toute la journée et diminuer le risque d’apparition de stéréotypies. Les conseils des nutritionnistes ont été revus à la hausse ces dernières années et ceux-ci préconisent désormais une ration de foin quotidienne de 8 kg au minimum.
Étude sur les céréales, l’huile de soja et la pulpe de betterave comme sources d’énergie pour le cheval de sport
ÉtudeUne étude comparative a été menée sur les performances et indicateurs de santé sur des chevaux nourris selon trois régimes alimentaires différents. Le premier régime, appelé « CONTROL » était composé de 3.65 kg d’aliment concentré à base de céréales (avoine et maïs), quantité correspondant aux besoins en énergie des chevaux de cette étude. Pour le deuxième régime, appelé « FAT », la quantité d’aliment concentré à été diminuée de 1.15 kg et remplacée par 0.45 kg d’huile de soja pour couvrir les besoins en énergie des chevaux. Enfin, pour le troisième régime, appelé « FIBRE », 1.36 kg de pulpe de betterave ont été substitués aux 1.15 kg d’aliment concentré. En plus de ces rations, chaque cheval a reçu 0.9 kg de compléments minéraux-vitaminiques et 5.45 kg de foin.
Lors de cette étude, les chevaux étaient entraînés à raison de trois exercices par semaine et couraient en simulation de course de galop une fois toutes les 5 semaines. Plusieurs prises de sang ont été réalisées tout au long de l’étude avant chaque distribution de repas, puis toutes les 30 minutes dans les 3 heures suivant les repas et à intervalles réguliers lors des simulations de course.
Quel que soit leur régime alimentaire, tous les chevaux ont eu un niveau de performance satisfaisant et ont tous été capables de courir à la vitesse requise pour la simulation de course. Les prises de sang réalisées avant et après les repas montrent cependant une différence entre ces régimes. En effet, si les taux de glucose et d’insuline sont similaires pour les chevaux soumis au régime CONTROL (céréales) et FIBRE (pulpe de betterave), ils sont beaucoup plus bas chez les chevaux soumis au régime « FAT » (avec l’huile de soja) sur les prélèvements effectués après les repas.
Concernant les analyses faites sur les prélèvements réalisés pendant l’effort, les taux de lactates sont similaires et ne semblent donc pas être liés au régime alimentaire. Comme pour les prélèvements réalisés après les repas, les chevaux soumis au régime FAT présentent un taux d’insuline plus bas que les chevaux soumis aux autres régimes. Le taux de glucose de ces mêmes chevaux augmente cependant significativement à la fin de l’effort mais retrouve un niveau similaire à celui des autres régimes après 15 à 30 minutes de récupération. Concernant les taux de cortisol, les chevaux soumis aux régimes FAT et FIBRE affichent un taux inférieur aux chevaux soumis au régime CONTROL lors des analyses sur les prélèvements faits pendant et après effort.
Étude sur les protéines comme source d’énergie pour le cheval
Une autre étude menée sur l’utilisation des protéines telles que la
Cependant, l’utilisation de la protéine comme source d’énergie chez le cheval de sport doit être raisonnée. Il semble que des apports protéiques supérieurs à 2g/kg PC/jour soient pénalisants en raison de leurs effets sur la production de chaleur et les besoins en eau du cheval.
En conclusion
Ces études montrent que les sources d’énergie chez le cheval sont multiples et qu’un régime varié peut convenir à un cheval de sport sans altérer ses performances par rapport à un régime à base de céréales (au contraire !). Pour éviter les inconvénients liés à l’utilisation de quantités trop importantes de céréales (et donc d’amidon) dans les rations de repas concentrés, il est possible de substituer une partie de celle-ci par d’autres sources d’énergie.
Ce qu’il faut retenir
- Les fourrages restent l’apport en énergie numéro 1 pour le cheval de sport. Il est conseillé de mettre à disposition du cheval 8 kg de foin minimum de façon quotidienne.
- Les céréales peuvent être une source d’énergie intéressante pour le cheval de sport car l’amidon va rendre le cheval plus « explosif ». Il est cependant recommandé de ne pas dépasser 1 kg d’amidon par repas (pour un cheval de 500 kg).
- Les fibres alimentaires, comme la pulpe de betterave, qui peuvent représenter jusqu’à 15% de la ration sans venir altérer les performances du cheval et permettent de ne pas atteindre de taux d’amidon trop important dans la ration.
- La matière grasse, comme l’huile de soja, qui apporte 2 à 3 fois plus d’énergie que les céréales ou les protéines et augmentent la densité énergétique d’un aliment permettant de diminuer la quantité distribuée par repas. Elle permet également de contrôler les taux d’insuline et de glucose.
- La luzerne est une source d’énergie intéressante donnée en complément d’un repas à base de céréales car elle est chargée en protéines et calcium qui génère un effet « tampon » face aux céréales sur le niveau d’acidité de l’estomac du cheval. Néanmoins, elle ne doit pas composer plus de 20% de la ration journalière du cheval de sport.
Louise JEGARD
Chef de Produit Équidéos