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Fourrages : comment gérer l'herbe de mon cheval ?

Les chevaux sont des brouteurs périodiques, leur santé digestive dépend de la consommation de fréquents petits repas. Le cheval au pré broute pratiquement en continu toute la journée. Il y a, tout de même, deux périodes de la journée privilégiées, tout juste après l’aube et juste avant le crépuscule, la consommation d’herbe est souvent importante pour ces deux repas.
Le comportement alimentaire du cheval lui prend 70% de son temps la journée et de 30 à 50% de son temps la nuit. Le temps d’ingestion de l’herbe peut s’étendre entre 11 et 17 heures par jour répartis en 15 à 20 repas. Ce temps varie en fonction des évolutions de l’accessibilité de la ressource en herbe au cours des saisons.
Par exemple, il augmente en réponse à une diminution des ressources accessibles. Les chevaux ajustent donc leur comportement alimentaire aux contraintes du couvert végétal afin de maintenir leur niveau d’ingestion volontaire, autour de 2kg par 100kg de poids vif. Comparativement aux ruminants, les chevaux sont capables de consommer de grandes quantités de fourrages, et notamment des fourrages grossiers de qualité médiocre.

Le comportement du cheval au pâturage

Le comportement spécifique des chevaux aux pâturages conduit en général à l’utilisation de 75% de la prairie, le reste étant perdu par les zones de défécations et le piétinement. Dans les pâtures à fort chargement de chevaux, il peut se former des zones d’herbes rases, des zones d’herbes hautes et des zones de terre nues.
- Ces zones nues correspondent aux chemins fréquemment empruntés par le cheval, les zones d’abreuvement, de repos et de protection (contre la chaleur et les insectes).
- Les zones d’herbes hautes correspondent, en général, aux zones de défécation et aux espèces d’herbes non appréciées par les chevaux ou arrivés à un stade de maturité trop avancé.
- Les zones d’herbes rases sont les espèces d’herbe appréciées par les chevaux et plutôt jeunes.

Le cheval sélectionne fortement les zones de végétation rase, il utilise sa double rangée d’incisives pour pâturer très bas (<4cm) et maintenir le couvert à un jeune stade de croissance (plus sucré). L’augmentation de la hauteur et de la quantité d’herbe s’accompagne généralement d’une diminution de sa qualité car la végétation mature s’enrichit en fibres complexes. D’un autre côté, les chevaux évitent de brouter près de leurs crottins, créant ainsi des zones d’herbes hautes. Le parasitisme du cheval au pâturage arrive, en général, lorsque cet évitement n’est plus réalisé.

Les chevaux pourraient donc partager leur temps d’alimentation entre des zones d’herbes rases, où la végétation reste de bonne qualité, et des zones d’herbes plus hautes où la vitesse d’ingestion est supérieure, ceci afin de maximiser l’ingestion de nutriments digestibles.

Conseil pour la récolte et le conditionnement

- La hauteur de coupe : 4 à 5 cm du sol donnera un foin plus fibreux et augmentera les risques de présence de poussières et de terre dans le foin, 10 cm du sol fournira un foin plus feuillu (donc plus riche) et sera plus sûr.
- Le séchage : en fonction du milieu, s’il est plus humide, il est préférable de faire un séchage plus rapide avec des andains étalés, s’il est plus sec, un séchage plus lent en andains étroits est conseillé pour conserver la qualité du foin. Le fanage prend en compte aussi le milieu ambiant, parfois un seul suffira, en général il faut réduire au plus l’action mécanique sur le foin car il augmente les pertes en feuilles et risque d’apporter des éléments indésirables dans le foin.
- Le conditionnement : plus il est dense, plus il faut le récolter sec (résistance à la ventilation et à l’aération). Plus il faut le sécher et plus il perd en éléments nutritifs. S’il est conditionné trop humide, les risques de développement de moisissures augmentent. Attention avec la fermentation, la température de la botte augmente et cela peut provoquer des incendies destructeurs.

Aide au choix pour vos semences

Objectif

Besoins

Humide l’hiver / séchant l’été

Humide l’hiver / Frais l’été

Sain l’hiver / Séchant l’été

Sain l’hiver / Frais l’été

Pâturage mixte

Reproduction

•Ray-gras anglais 

demi-tardif à tardif 

•Fétuque des prés 

•Fléoles des prés 

•Fétuque élevée 

•Trèfle blanc

•Ray-gras anglais 

demi-tardif à tardif 

•Fétuque des prés 

•Fléoles des prés 

•Fétuque élevée 

•Trèfle blanc

•Ray-gras anglais 

demi-tardif à tardif 

•Dactyle 

•Lotier 

•Trèfle blanc

•Ray-gras anglais 

demi-tardif à tardif 

•Dactyle 

•Fléoles des prés 

•Fétuques des prés 

•Fétuque élevée 

•Trèfle blanc

Pâturage mixte

Sport

•RGI à RGH 

•Fétuque des prés 

•Fléoles des prés 

•Fétuque élevée 

•Trèfle blanc

•RGI à RGH 

•Fétuque des prés 

•Fléoles des prés 

•Fétuque élevée 

•Trèfle blanc

•Dactyle 

•Fetuque élevée 

•Lotier 

•Trèfle blanc 

•Minette

•RGI à RGH 

•Dactyle 

•Fétuque élevée 

•Fléoles des prés 

•Trèfle blanc

Pâturage mixte

Loisir et vieux chevaux

•RGA tardif 

•Fétuque élevée 

•Fléole des prés

•RGA tardif 

•Fétuque élevée 

•Fléole des prés 

•Fétuques des prés

•RGA tardif 

•Dactyle minette 

•Lotier

•RGA tardif 

•Dactyle 

•Fléoles des prés 

•Fétuques des prés

Pâturage mixte

Chevaux à risque

•Fléole des prés 

•Dactyle 

•Fétuques des prés

•Fléole des prés 

•Fétuques des prés

•Dactyle 

•Minette

•Dactyle  

•Fléoles des prés  

•Fétuques des prés

Fauche

Équilibré

•Fétuque élevée 

•Ray-grass Hybride

•Fétuque élevée  

•Fléole des prés 

•fétuque des prés 

•Ray-grass Italien/ Hybride

•Fétuque élevée 

•Dactyle

•Dactyle 

•Fétuque élevée 

•Fléole des prés 

•RGH RGI

Fauche

Enrichi en protéine

•Fétuque élevée 

•Ray-grass Hybride 

•Tréfle Blanc 

•Lotier

•Fétuque élevée  

•Fléole des prés 

•Fétuque des prés 

•Ray-grass 

Italien/ Hybride 

•Trèfle blanc

•Dactyle 

•Fétuque élevée 

•Luzerne Sainfoin 

•Lotier 

•Minette

•Dactyle 

•Fétuque élevée 

•Fléole des prés  

•RGH RGI

•Trèfle blanc  

•Lotier

Comment produire un foin de qualité ?

La qualité du foin est affectée par le stade de maturité de l’herbe. Plus la plante prend en maturité, plus le ratio feuille/tige diminue. Elle perd en richesse énergétique et protéique (moins de feuilles) et en digestibilité (plus d’éléments structuraux). La digestibilité diminue linéairement de mai à juin. Le taux de perte varie en fonction de l’espèce et de la région. Le premier facteur à prendre en compte est donc la période de coupe.

La température, le déficit en eau, la radiation solaire et la disponibilité des nutriments du sol influencent aussi la qualité. À même stade de maturité, des températures croissantes diminuent le ratio feuille/tige et la digestibilité. Le déficit en eau, induit la mort des feuilles, donc réduit la concentration en protéines et en éléments solubles. Les variations diurnes augmentent la concentration des glucides solubles en fin d’après-midi, il peut être intéressant de faucher en après-midi pour un enrubanné. La fertilisation en azote aura un effet sur l’augmentation des protéines dans le foin, et légèrement sur la digestibilité.

Il y a à disposition une diversité d’espèces et de variétés pour composer une prairie adaptée aux chevaux. Deux grandes familles sont souvent comparées pour les prairies : les graminées et les légumineuses. En générale, les graminées (Ray-grass, Dactyle, fétuque, etc.) sont caractérisées par une plus grande teneur en sucres solubles donc plus énergétiques alors que les légumineuses (Luzerne, trèfle, lotier, etc.) sont caractérisées par une plus grande teneur en matières azotées (protéines). Ces espèces diffèrent aussi par leurs adaptations aux conditions pédoclimatiques, elles sont résumées dans le tableau choix des semences. Si la composition n’est pas adaptée, la production sera diminuée en quantité et en qualité. Le choix des variétés doit se faire en fonction de nombreux paramètres souvent bien décrits pour chaque espèce.

Ces paramètres sont la précocité (départ en végétation ou épiaison), la souplesse d’exploitation (nombre de jours séparant le départ en végétation et le début de l’épiaison), l’alternativité (aptitude à monter en épis l’année du semis), la remontaison (aptitude des plantes à refaire un cycle de reproduction à la suite d’une exploitation), la ploïdie (nombre de pairs de chromosome), la résistance aux maladies et les types botaniques. Plus l’épiaison est tardive (Luzerne, RGA) et plus vous pourrez récolter votre foin tardivement. Plus la souplesse d’exploitation sera grande (fétuque élevée, fléole des prés) plus vous pourrez vous adapter à la météo et à votre disponibilité pour la récolte de foin. Les Ray-grass diploïdes résistent mieux au piétinement que les tétraploïdes.

Utiliser la complémentarité des espèces en association (productivité, qualité) permet une production plus durable (étalée dans l’année et pérenne), plus rustique (résistant aux maladies et aux stresses environnementaux) et avec des services auxiliaires importants (biodiversité, diversité d’apport pour les animaux). Il existe des mélanges prêts à semer pour vous aider à replanter une prairie.

Choisir sa prairie, c'est réfléchir à ces questions :

  • Dans quel type de sol ?
  • Sous quel climat ?
  • Pour quel objectif (Fauche, pâture, etc) et quels besoins ?
  • Pour combien de temps l’implantation est prévue et quand est-ce que l’implantation est prévue ?