Ulceres gastriques chevaux

Les ulcères gastriques, érosions plus ou moins profondes de la muqueuse tapissant les parois de l’estomac, sont assez fréquents chez les chevaux. Une étude aurait d’ailleurs évalué que 70% des chevaux de sport en souffrent. Le stress, l’alimentation et les conditions de vie sont autant de facteurs susceptibles de favoriser cette affection. Décryptage en 5 points.

Présentation

L’estomac du cheval présente un volume modeste (de cinq à quinze litres) comparé à sa taille. Il est divisé en deux parties.

Une partie glandulaire sécrétant de l’acide chlorhydrique, des enzymes et bien d’autres substances nécessaires au début de la digestion et du fractionnement de la ration. Cette partie est glandulaire est protégée par un mucus à base de bicarbonate.

Une deuxième partie, dite non glandulaire, est recouverte d’une simple muqueuse.

Contrairement à celui de l’homme, l’estomac du cheval sécrète de manière continue de l’acide chlorhydrique. Or, c’est justement le contact prolongé de cet acide chlorhydrique avec les parois non protégées de l’estomac qui peut provoquer des lésions. Ce sont ces dernières que l’on appelle ulcères gastriques.

C’est la première raison qui explique pourquoi tous les chevaux peuvent être concernés en de multiples occasions par cette pathologie digestive, quels que soient leur âge, leur race, leur taille, leur niveau de compétitivité ou leur parcours.

Pour autant, d’autres causes ou facteurs de risque sont désormais bien connus : une mauvaise alimentation (manque de fibres, rations peu nombreuses et trop importantes), une hygiène de vie non adaptée (confinement au box), des situations de stress (intensité du travail, transports répétés, changement de lieux). Enfin, les ulcères gastriques peuvent parfois résulter de la prise de certains anti-inflammatoires.

Symptômes

Un amaigrissement, un mauvais état général, un poil terne et piqué, un appétit contrarié, des crottins mous, des contre-performances, un abattement, une anxiété ou encore des signes de coliques sourdes, notamment après les repas ou lors d’événements stressants (transport, compétition), sont autant de signes d’alarme à prendre en compte. De même, les grincements de dents et les bâillements répétés sont également des indicateurs à ne pas négliger.

Cependant, ces symptômes pouvant apparaître lors de la présence d’ulcères gastriques ne sont pas pathognomonique, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas spécifiques à cette seule pathologie. C’est pourquoi le vétérinaire ne peut pas s’appuyer exclusivement sur eux afin de diagnostiquer des ulcères. D’autant que les signes cliniques sont parfois très discrets, voire absents, et que l’expression de la douleur associée varie selon les individus. Il est à noter que dans les cas les plus graves, chez les poulains souffrants d’ulcères gastriques, les coliques peuvent se solder par la mort de l’animal avec perforation de l’estomac.

Diagnostic

Les seuls symptômes évoqués ci-dessus ne permettent pas de poser un diagnostic avec certitude, mais peuvent favoriser une suspicion de la présence d’ulcères gastriques. Pour confirmer son hypothèse, le vétérinaire réalisera une gastroscopie. C’est le seul moyen de mesurer l’ampleur des lésions gastriques, leurs profondeurs et, par la suite, de juger de leur évolution dans le temps.

Pour réaliser cet examen, le cheval doit être à jeun depuis au moins six à douze heures. Le gastroscope, muni de sa caméra, est alors introduit dans le naseau du cheval tranquillisé afin d’atteindre l’œsophage puis l’estomac, et même le début du petit intestin.

Traitement

Le traitement mis en place contre les ulcères gastriques a pour but de diminuer l’acidité gastrique, de cicatriser et protéger la muqueuse lésée, de soulager la douleur et, enfin, de préserver l’équilibre de la flore gastrique.

Aujourd’hui, une seule molécule permet de traiter efficacement les ulcères gastriques : l’oméprazole. Sous forme de pâte, ce dernier est administré une fois par jour directement dans la bouche du cheval. La durée du traitement dépend de la gravité et de l’étendue des ulcères. Pour que les bienfaits du traitement perdurent, il est essentiel de mettre en place des mesures telles que mise au paddock, baisse de la charge de l’entraînement, meilleure hygiène alimentaire par la suite.

Prévention

« Mieux vaut prévenir que guérir ». Voilà un adage qui s’applique particulièrement bien aux ulcères gastriques. D’abord parce qu’il est en effet possible de les éviter au maximum en adoptant quelques habitudes et gestes de soin, ensuite parce que le traitement reste particulièrement coûteux. Voilà donc deux bonnes raisons parmi tant d’autres (gravité de certains cas, douleurs associées, perte de performance, etc.) qui légitiment cette prévention.

Aussi, je vous conseille de faire particulièrement attention à l’alimentation de vos chevaux. Non seulement au point de vue de la qualité elle-même (je vous conseille un aliment à faible teneur en amidon, ces derniers étant hautement fermentescibles), mais également du fractionnement, de la quantité et de l’importance fondamentale du fourrage.

Ainsi, je vous recommande fortement de fractionner la ration journalière en trois, voire quatre repas de même quantité et de distribuer du fourrage avant les rations journalières afin de ralentir le passage des aliments dans le système digestif et d’augmenter le bol alimentaire.

L’apport minimum en foin quotidien est de 7 kg, l’idéal pour les chevaux vivant au box étant de disposer de foin à volonté. Enfin, l’idéal est de laisser au cheval la possibilité de manger un maximum d’herbe chaque jour, donc de le mettre en pâture ou au pré dès que possible.

En effet, à l’état naturel, il broute près de vingt heures par jour, ce qui lui permet de produire en continu une salive riche en bicarbonates qui permet de neutraliser l’acidité dans l’estomac. Ainsi, le fait de brouter favorise le maintien d’un pH plus adéquat dans l’estomac et favorise donc l’intégrité des muqueuses.

Outre ces mesures alimentaires, je vous conseille également de limiter le stress ressenti par le cheval en adoptant des gestes simples, notamment lors des transports, comme le respect des temps de repos et un accès à de l’eau propre et à du fourrage en continu.

Le moment est venu pour moi de conclure en vous rappelant toutefois que rien ne remplace une bonne hygiène de vie et une alimentation riche en fibres !


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos