Le foin est de loin le fourrage le plus utilisé pour l'alimentation des chevaux. La qualité de la prairie, la date de fauche et la conduite technique sont les principaux facteurs influençant la réussite de la récolte d'un fourrage en quantité et en qualité.
Je vous propose cette semaine des conseils pratiques sur l’organisation du chantier. Fauchage, fanage, andainage, … chaque étape peut avoir une incidence sur la qualité du fourrage, il est donc important de prendre en compte des éléments clés. Synthèse dans cet article !
Quand faut-il faucher ?
L'idéal est de disposer d'une plage de 4-5 jours de beau temps, ce qui demande une bonne « fenêtre météo », notamment au printemps.Le perfectionnement de la météorologie permet aujourd'hui de disposer de prévisions jusqu'à 5 jours. Je vous conseille d’utiliser le web : une information sur la météo est disponible par micro-régions.
Je vous conseille de faucher juste après la levée de la rosée, soit en fin de matinée. L'herbe sur pied évacuant plus rapidement l'humidité de la nuit que l'herbe coupée trop tôt le matin. La fauche ainsi réalisée bénéficie alors des températures les plus hautes entre 12 et 15 heures de l'après-midi, favorisant une dessiccation rapide.
Il est important d’assurer un séchage rapide pour limiter les pertes. Au cours du séchage au sol, la plante subit différentes pertes, d'autant plus élevées que le séchage (dessiccation) est long :
La respiration des cellules des plantes consomme les sucres disponibles.
Les enzymes de la plante dégradent une partie des protéines et certaines vitamines.
Les opérations de fanage entraînent la perte de feuilles (5% pour les graminées et jusqu'à 25% pour les légumineuses).
La pluie peut entraîner une partie des sucres, matières azotées et minéraux solubles par lessivage.
Pour produire du foin, la dessiccation demande 2 à 3 jours (au mieux) voire une semaine.
Quand faut-il faner ?
Le fanage va permettre de retourner et aérer les andains formés de plantes coupées afin d’accélérer la dessiccation en augmentant la surface d'échange entre l'air et le végétal.
La dessiccation la plus rapide intervient dans les quelques heures juste après la fauche. Le séchage est ensuite plus long. Si vous n'êtes pas équipé d'une faucheuse conditionneuse, je vous conseille donc de faner juste après la fauche.
Si le temps est ensoleillé et séchant, renouveler le fanage le jour même. Les 2 et 3ème jour, privilégier de faner le matin ou le soir lorsque le temps est plus frais pour éviter de brasser un foin trop sec dont les brins vont casser.
De même, le fanage doit être de plus en plus doux au fur et à mesure que le foin sèche pour limiter la perte des feuilles, sources principales des matières nutritives (énergie et azote) de la plante.
Une alternative consiste à andainer la récolte qui a été préalablement fanée pour la nuit, lorsque le séchage est bien avancé (40% d'humidité). Cette pratique peut être intéressante en cas de forte rosée le matin ou par temps de pluie en protégeant le végétal de l'humidité par la forme de l'andain. Les andains seront rebrassés rapidement par le fanage les jours suivants, dès que le temps le permet pour aérer au maximum toute la matière végétale.
Les faucheuses classiques laissent un andain large et plat au sol, de plantes coupées et couchées sous leur propre poids. Les faucheuses conditionneuses permettent de réaliser des andains plus étroits et plus hauts qui favorisent une meilleure circulation de l'air donc un séchage plus rapide.
Les systèmes de conditionnement sur les faucheuses équipées permettent de réduire le temps écoulé entre la fauche et le bottelage. Le conditionnement vise à accélérer la vitesse de dessiccation des fourrages en dégradant mécaniquement la structure de la plante (altération de la cuticule, augmentation de la porosité et de la surface d'évaporation). Cette dégradation est obtenue par pliage, frottement, laminage ou brossage.
Réussir le séchage du foin pour limiter développement de micro-organismes.
La microflore dans les fourrages, composée de bactéries, levures et moisissures présentes dans la parcelle, peut se développer au cours de la récolte ou du stockage si les conditions (température, humidité, oxygène) nécessaires à leur prolifération sont présentes. Le développement important de ces micro-organismes entraîne une perte de matière sèche, une diminution des valeurs énergétique et azotée du fourrage ainsi qu'une forte augmentation du taux de poussières du fourrage. De plus, le développement de moisissures rend le fourrage impropre à la consommation par les animaux. Certains champignons peuvent être responsables de mycoses, de toxicoses, voire d'avortement. Les allergies respiratoires, pousse ou emphysème sont majoritairement causées par la consommation de fourrages contaminés. La dessiccation rapide et complète, par beau temps sec et ensoleillé, est donc primordiale pour éviter les fourrages mal séchés, poussiéreux et/ou échauffés.
Ce qu’il faut retenir :
Faucher au stade feuillu ou début d'épiaison pour produire un fourrage de haute qualité nutritive.
Prévoir le chantier de récolte de fourrage sur une plage de 4-5 jours de beau temps.
Faucher à 6-7cm, en fin de matinée.
Sécher rapidement le foin par le fanage en évitant de le faire attendre au sol trop longtemps, mais atteindre au moins 85% de MS.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos