Avec l’arrivée du printemps et le retour de la pousse de l’herbe, il faut bien préparer la saison de pâturage et de fauche. Que pouvons-nous faire en début de printemps pour optimiser la production d’herbe ? Retrouvez quelques pistes de réflexion dans cet article.
Quelles actions sont à effectuer sur la pâture ?
Dans un premier temps : il faut vérifier l’état des pâtures. Pour pouvoir planifier les pratiques, il faut connaître l’état initial. Pour cela, il faut déterminer la hauteur de l’herbe, sa densité, sa couleur, les zones fragilisées ou détruites.
Si cela n’a pas été fait à l’automne, il faut s’assurer que la pâture soit le plus homogène possible, surtout si celle-ci est destinée au fauchage. C'est-à-dire, qu’il faut raser les refus de la saison précédente, aplanir la surface qui peut présenter des bosses, des mottes et des trous à cause de taupe ou de pâturage d’hiver. Il faut s’assurer que la végétation ne soit pas trop haute car cela pénalisera la repousse et l’activité des légumineuses qui ont besoin de beaucoup de soleil. Si votre prairie est jaune c’est que vous avez laissé trop pousser l’herbe avant l’hiver et qu’il faut l’aérer pour avoir une pousse et un rendement de qualité au printemps. Vous pouvez agir sur la prairie avec un rouleau ou une herse de prairie lorsque le sol n’est ni trop humide ni trop sec. En effet, herser permettra de répartir les éléments fertilisants des déjections, de niveler les zones piétinées et défoncées dans le but de limiter les traumatismes des membres notamment chez les poulains, et d’étaler les taupinières.
L’idéal est d’avoir une végétation gazonnante. Pour cela, il peut être intéressant de réaliser une petite fauche ou un déprimage. Celui-ci consiste en une exploitation de l’herbe précoce et superficielle avant le stade « épi à 10cm », pour activer la pousse, nettoyer les parcelles de l’herbe âgée et amorcer la rotation sur les parcelles pour ne pas se faire dépasser par la pousse au printemps. Cela permet d’obtenir un fourrage de qualité et d’optimiser le pâturage. On peut le commencer dès le mois de mars dès que l’herbe atteint 8 cm de hauteur, à condition que le sol soit portant, et sortir au minimum à 5cm de hauteur pour ne pas pénaliser la repousse. Le déprimage ne doit pas être systématisé à l’ensemble des parcelles, afin de limiter les risques dus à une éventuelle sécheresse. La décision de déprimer ou non une parcelle dépend de l’utilisation principale de celle-ci, elle est notamment conseillée pour le fanage et le pâturage mais moins pour l’enrubannage, et doit être intégrée à la gestion globale des parcelles. De plus, il peut permettre de faciliter la future mise à l’herbe des chevaux en effectuant une transition alimentaire avec 1 à 2 heures de pâturage par jour.
Quel amendement peut-on apporter en début de printemps ?
Si votre sol est souvent sous l’eau l’hiver ou qu'il a une tendance à l’acidité, il peut être souhaitable de faire un apport en calcium pour stabiliser le pH. Au printemps, vous pouvez épandre du lithothamne marin ou de l’engrais Perlka qui apportent de l’azote en plus de l’effet neutralisant. En sortie d’hiver, un amendement en phosphore et potassium peut être intéressant pour stimuler le développement des racines.
Peut-on envisager un sur-semis ou un semis ?
Pour les zones dénudées ou si la densité de la prairie est faible, il peut être envisagé un sur-semis. Cela permettra d’éviter la pousse d’adventice dans les zones moins denses où la compétition est faible, de maintenir la portance du sol et d’éviter la présence de zones sales (terre) favorisant la propagation de maladies. Il faut alors choisir des espèces végétales à développement rapide dites « agressives » comme le Ray Grass (anglais, hybride ou italien) et du trèfle blanc. En revanche, elles sont de courtes durées (2-3 ans). Éviter la fétuque et le dactyle. Il faut semer à la même densité que pour une implantation de prairie.
On peut aussi envisager un semis de prairie de pâture ou de fauche. La pousse est plus rapide ; les plantules se développent plus vite par temps chaud et humide. C’est un atout essentiel pour la réussite des espèces plus lentes d’installation (luzerne, dactyle, fétuques…), la période est favorable grâce à une luminosité et une longueur du jour croissantes ; les légumineuses, plantes de lumière, profiteront au maximum de la photopériode et des températures du printemps qui leur sont très favorables et la production est décalée ; le semis de parcelles en sortie d’hiver peut permettre une gestion décalée de la pousse de l’herbe. La valeur alimentaire sera élevée : le fourrage issu d’un semis de printemps s’avère très riche en sucres et en protéines. Cependant, il faut faire attention aux risques de gel, (viser fin février à mi-mars) les températures ne doivent plus être en deçà de 5°C au moment du semis, aux risques de salissement, il faut avoir une densité importante pour éviter la propagation des adventices, et la production plus faible: le potentiel de rendement en année 1 d’une prairie implantée au printemps est inférieur à celui des implantations d’automne. Néanmoins, pour les espèces les plus lentes à installer, c’est souvent la meilleure façon de les réussir durablement.
Pour l’année 2021 à 2022, un plan de soutien au niveau national a été mis en place pour aider les investissements portant sur des matériels pour la culture, la récolte et le séchage des espèces riches en protéines ainsi qu’au développement des sur-semis de légumineuses fourragères. Les demandeurs éligibles sont les exploitations agricoles et leurs regroupements, les exploitations des lycées agricoles et les ETA, CUMA, GIEE. Les investissements éligibles correspondent : aux matériels pour la culture, la récolte des espèces riches en protéines, le séchage des légumineuses fourragères ainsi que le stockage sur l’exploitation et l’achat de semences permettant l’enrichissement des prairies en légumineuses fourragères (lotier corniculé, luzerne, minette, sainfoin, trèfle blanc et hybride. Le taux d’aide correspond à 40% du coût HT des investissements éligibles (matériels et semences). Le montant minimal des dépenses présentées dans la demande d’aide est fixé à 1 000 € HT, le plafond des dépenses éligibles est fixé à 40 000 € HT pour les matériels, et 5 000 € HT pour les semences. La demande d’aide se fera par l’exploitant sur le site de FranceAgriMer via une télé-procédure spécifique accessible ici :
pas destinées qu’aux membres vous pouvez aussi l’utiliser sur le dos après un gros travail.
Sources :
Fourrages-Mieux, 2007. L’entretien des prairies permanentes.
Suzie Bathellier
Chef de produit