Lors de la mise à l’herbe au printemps, nous souhaitons tous voir nos chevaux pâturer le plus longtemps possible et espérons que l’herbe sera présente en quantité suffisante jusqu’à l’automne. En plus d’apporter aux chevaux un mode de vie adapté à leurs besoin, le pâturage et l’exploitation directe de l’herbe s’avère être la solution la plus économique pour bons nombres d’éleveurs, surtout lorsque l’on sait que l’herbe peut couvrir de 40 à 90 % des besoins nutritionnels totaux selon la saison et la race des chevaux. Mais alors, comment faire pour optimiser l’exploitation de l’herbe en pâturage direct et rendre sa structure performante et durable dans l’alimentation des chevaux ?
Comportement des chevaux en pâture
Tout détenteur de chevaux le sait, ces derniers sont « difficiles » et sélectionnent beaucoup les zones à pâturer lorsqu’ils sont à l’herbe (avec une grande préférence pour l’herbe jeune et riche). Ce comportement alimentaire, présent chez différentes espèces mais particulièrement affirmé chez le cheval, occasionne le développement de zones pâturées (voire sur-pâturées !) et de zones de refus (l’herbe y est plus haute et les chevaux y font généralement leurs besoins). Le développement de ces zones entraîne un effet notoire sur la prairie où l’on constate :
- Un épuisement des graminées et une colonisation de pissenlits, pâquerettes et trèfle dans les zones pâturées
- Un développement d’orties, dactyles et bouton d’or dans les zones de refus
Sans une gestion adaptée de la prairie, les ressources s’épuisent rapidement et les zones de refus sont gaspillées.
Les différents modes de pâturage
Le pâturage continu
Le pâturage continu consiste à laisser les chevaux dans la même parcelle du printemps jusqu'à l’automne. Un ajustement peut être fait en cours de saison en ajoutant ou retirant des chevaux, ou encore en agrandissant la parcelle durant l’été avec une zone préservée jusqu’alors.
Cette pratique entraîne moins de travail de manipulation des chevaux, est adaptée aux grandes parcelles et nécessite moins de travail de clôture. Cependant, elle favorise l’apparition de zones de refus et de gaspillage importantes dans la parcelle, engendre une dégradation de la qualité de l’herbe et de moins bonnes performances de croissance des jeunes chevaux.
Le pâturage tournant
Le pâturage tournant consiste à diviser une parcelle en 3 à 5 sous parcelles, qui seront pâturées successivement pour exploiter le cycle de l’herbe au stade optimum : le stade feuillu des graminées. Les chevaux entrent dans la parcelle lorsque la hauteur de l’herbe atteint 10 à 12 cm et en sortent lorsque celle-ci atteint 5 cm (valeurs idéales pour le pâturage tournant). Au-delà de 15 cm de hauteur à l’entrée dans la parcelle, les chevaux risquent de laisser des zones de refus qui seront alors gaspillées ; et en dessous de 5 cm, les chevaux abiment la base de la plante et compromettent sa bonne repousse. Sur le premier cycle du pâturage, le temps de repousse de chaque parcelle sera de 15 à 20 jours (temps d’attente entre la sortie des chevaux d’une parcelle et leur réintroduction à une hauteur d’herbe optimale), puis de 30 à 50 jours pour les cycles suivants.
Ce mode de pâturage permet de gérer la surface des zones à faucher puisqu’elle engendre beaucoup moins de refus de la part des chevaux, elle est adaptée aux chargements élevés, offre une meilleure qualité de l’herbe et limite la dégradation du couvert végétal. Pour les éleveurs pratiquant du pâturage mixte, elle permet également d’alterner bovins et chevaux lorsqu’on ne souhaite pas les faire pâturer ensemble. Elle engendre cependant un coût de clôtures plus important, demande plus de manipulation des animaux et nécessite d’avoir un parcellaire relativement groupé pour gérer les changements de parcelles tout au long de la saison.
Pour aller plus loin
- N’oubliez pas de prendre en compte la portance de votre sol. La portance est la capacité du sol à supporter une pression. Quand les sols sont humides, celle-ci est plus faible et les piétinements entraînent un tassement de la pâture pouvant nuire à la bonne repousse de l’herbe. On observe alors des zones de terres nues propices au développement de plantes indésirables (à l’entrée des paddocks ou autour des bacs à eau / râteliers par exemple).
- En fonction de la saison, la vitesse de pousse de l’herbe varie et la quantité d’herbe journalière produite évolue. Si elle peut ne pas couvrir les besoins des chevaux en période de sécheresse, elle peut également largement dépasser les besoins des animaux et générer des zones de refus importantes. Pour optimiser l’utilisation de l’herbe, le pâturage tournant sera préféré au pâturage continu.
Louise JEGARD
Chef de Produit Équidéos