Armez-vous contre les parasites de printemps.

Les beaux jours reviennent : une bonne raison de lutter efficacement contre les vers qui peuvent infester votre cheval. Pour agir efficacement, associez les médicaments antiparasitaires à des mesures appropriées pour décontaminer l’environnement de votre monture.

Le printemps est une des saisons favorites des parasites du système digestif. Les températures se faisant plus douces, leurs œufs, entrés dans une phase de repos au cours de l’hiver, « se réveillent » et donnent naissance à des larves qui seront ingérées par les chevaux.

Les pluies favorisent le développement des œufs et des larves : elles délitent les crottins et permettent ainsi une meilleure dissémination de ces petits organismes dans le milieu extérieur.

Contrairement à ce que l’on pense, sous nos climats, l’hiver n’implique pas forcément une disparition des parasites. Pour bien comprendre l’importance des saisons en matière de vermifugation, il faut se pencher sur la notion de cycle des parasites et savoir que ces derniers passent obligatoirement par plusieurs stades de durées inégales. Un ver adulte pond des œufs, qui donnent des larves. Celles-ci peuvent se développer soit dans le milieu extérieur, soit à l’intérieur de l’organisme du cheval après avoir été ingérée, pour ensuite se transformer en adultes qui pondront des œufs … La boucle est bouclée.

Vu le nombre d’espèces de parasites existantes et la variabilité de leur cycle, seul votre vétérinaire est à même de vous conseiller sur les méthodes de lutte à adopter en fonction des conditions de vie et de la saison. Il est en fait très difficile d’établir une liste type des parasites printaniers. Leur développement est intrinsèquement lié aux conditions climatiques : hiver rigoureux ou non, durée et intensité des périodes de gel, printemps pluvieux ou non, … Quelques données peuvent cependant guider les méthodes de lutte à appliquer.

Parasites de printemps

La larve des strongles, également appelés vers rouges ou cyathostomes, se développe dans le milieu extérieur si la température est supérieure à 8°C. Lorsque celle-ci atteint 20°C, la larve peut devenir infestante en une semaine ! Dans des conditions chaudes et humides, les crottins deviennent de véritables réservoirs à larves. Il faut donc, dès l’arrivée du printemps, les ramasser régulièrement pour interrompre le cycle du parasite. Parallèlement, la sortie de l’hiver conduit à l’activation des larves ingérées à l’automne et restées dans un état de vie ralentie dans la paroi des intestins pendant la saison froide. Avec l’arrivée des beaux jours, ces larves sortent de leur « cachette » pour devenir adulte, ce qui peut provoquer des diarrhées. Sous nos climats, la ponte des œufs par les adultes connaît des pics, un en mars et un autre en septembre.

Selon l’espèce concernée, les larves des grands strongles peuvent traverser différents organes. Schématiquement, une fois ingérée, la larve migre dans le corps du cheval, traverse la paroi de l’intestin, puis gagne les artères, le foie ou le pancréas. La larve revient ensuite dans l’intestin pour se transformer en adulte. La femelle adulte pond alors des œufs, qui sont évacués avec les crottins. Lorsque les conditions climatiques sont favorables (pluie, température supérieure à 8°C) ; l’œuf se transforme en larve infestante : cette transformation est d’autant plus rapide que le climat est chaud et humide (températures voisines de 20°C). En outre l’espèce a la capacité de se déplacer sur les brins d’herbe : elle peut monter tout en haut d’un brin, pour être certaine d’être ingérée !

D’autres parasites, comme les ascaris ou les oxyures, sévissent aussi au printemps. Ces derniers concernent essentiellement les chevaux vivant au box. Le meilleur moyen de prévention est de débarrasser quotidiennement la litière des crottins.

Contrôle de l’environnement

Contrairement à certaines idées reçues, la lutte contre les parasites passe avant tout par une gestion adaptée de l’environnement du cheval. S’il vit au box, celui-ci doit être vidé régulièrement et les crottins ramassés au minimum une fois par jour. Pour les chevaux au pré, l’idée est de pratiqué la rotation des pâtures.

En effet, une grande partie des larves issues des œufs ayant survécu à l’hiver vont mourir si elles ne sont pas ingérées. Une pâture peut être considérée comme assainie à partir du mois d’août (sauf en cas de forte infestation par des œufs d’ascaris). Certains experts affirment que faire brouter des vaches ou des moutons dans un pré ayant au préalable servi à des chevaux doit permettre de l’assainir, les vers du cheval n’étant pas pathogènes ni pour le mouton ni pour la vache, et inversement. Bien sûr, lorsque les chevaux changent de pâture, ils doivent idéalement être vermifugés 48 heures avant leur transfert. Tout nouvel arrivant doit être vermifugé et mis en quarantaine pendant au minimum trois jours (idéalement une semaine) et faire l’objet d’un traitement antiparasitaire à large spectre, actif contre tous les types de parasites. Il est évident qu’il est, à l’heure actuelle, difficile de limiter les pâtures à un maximum de deux chevaux par hectare. Mais au-delà de cette limite, il est primordial de mettre en place une gestion optimale des paddocks qui implique avant tout un ramassage des crottins, si possible deux fois par semaine.

Choix du vermifuge

L’utilisation des vermifuges ne vient en fait que compléter les mesures de gestion de l’environnement mises en place. Comme pour tout type de médicament, le dosage du vermifuge se fait en fonction du poids, évalué de la manière la plus précise possible. Le sous-dosage est un des facteurs impliqués dans l’apparition de phénomène de résistance : si nous n’y prêtons pas attention, les vermifuges utilisés aujourd’hui pourraient alors dans quelques années perdre de leur efficacité. Pour un contrôle optimal, l’idéal est de réaliser des coproscopies (comptage du nombre d’œufs de parasites dans les crottins) pour vérifier le degré et le type d’infestation, et détecter d’éventuelles résistances.

La jument pleine présente un cas particulier et doit être traitée avec un vermifuge adapté régulièrement et dans les jours qui précèdent le poulinage. En effet, lorsque le poulain naît, son organisme ne contient aucun parasites et il va s’infester au contact de sa mère, notamment par Stongyloïdes westeri, transmis lors de la tétée sur une jument non vermifugée.

L’important reste la prévention et la diminution au maximum des risque d’infestation, c’est pourquoi il vaut mieux réserver une pâture destinée uniquement aux juments suitées, correctement vermifugées, et éviter de mettre dans ce pré d’autres types de chevaux.

Pour plus de détails concernant les méthodes de lutte les plus adaptées, il ne faut pas hésiter à contacter votre vétérinaire. La prescription d’une vermifugation adaptée est primordiale pour enrayer les développements des résistances. Et comme nous l’avons vu, le développement des parasites dépend de nombreux facteurs : le lieu de vie, le climat, l’âge, les mesures de lutte déjà mises en place : ramassage des crottins, nombre de chevaux à l’hectare … Enfin, les principales mesures évoquées plus haut ne sont bien sûr valables que si les méthodes de lutte hivernales, notamment contre les gastérophiles et les ténias, ont été mises en place.

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos