Combien de repas faut-il distribuer quotidiennement aux chevaux ? Deux, trois, quatre ? Ou davantage ? … Cette semaine, je fais le point sur la question des repas et je vais tenter de répondre précisément à cette question !
Et pour y répondre, il est important de se pencher sur les spécificités du système digestif du cheval.
Première constatation : l’estomac de votre cheval est petit (et sa gourmandise est grande !!). L’estomac est donc obligé de se vider en permanence : le transit est donc rapide vers l’intestin grêle et le gros intestin, lieux dans lesquels se déroule la digestion.
La digestion se déroule en deux partie : d’abord enzymatique, dans l’intestin grêle, puis fermentaire, dans le gros intestin.
- La digestion enzymatique se déroule sous l’action des enzymes sécrétées par le pancréas et de la bile fabriquée par le foie. Elle permet de digérer l’amidon, les graisses et les protéines, et donc globalement de valoriser les aliments concentrés.
- La digestion fermentaire se fait grâce à l’action de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons). Elle permet de digérer les parois végétales, et donc de valoriser les fourrages.
Voilà pour les généralités … Passons maintenant au cas pratiques et aux risques et problématiques que peut rencontrer cette belle mécanique.
Cas pratique n°1 : Mon cheval n’est nourri qu’une seule fois par jour, je lui donne 8 litres de concentrés.
Avec ce volume de ration, des composants alimentaires contenus dans l’aliment comme l’amidon ou les protéines vont arriver en grande quantité dans le gros intestin (alors qu’ils auraient dû être digérés dans l’intestin grêle).
Les micro-organismes vont les transformer en acide lactique et en ammoniac, ce qui va profondément modifier les caractéristiques du contenu du gros intestin. En particulier le pH (l’acidité ambiante) qui va évoluer et des microorganismes pathogènes vont pouvoir se développer de manière anormale, tandis que d’autres vont libérer des toxines …
Ces dérèglements peuvent avoir des conséquences très néfastes pour la santé de votre cheval : troubles digestifs, crottins de mauvaise qualité, fourbure, boiterie, colique, voire choc ou décès …
Solution au cas pratique n°1
Le volume de l’estomac d’un cheval est d’environ 15 litres, mais sa capacité utile ne retient en réalité que 10 litres.
De plus, lorsqu’un cheval mange, il mastique ses aliments, qui prennent alors plus de place que dans le récipient de sa distribution, et produit de la salive, qui vient s’ajouter au volume du bol alimentaire … Bref, on considère donc que le volume distribué lors d’un repas ne devrait pas dépasser 6 litres.
Ainsi, si votre cheval consomme 8 litres de concentrés par jour, il est possible de lui distribuer deux repas de 4 litres sans risque. En revanche, si votre cheval doit consommer un total de 15 litres de concentrés par jour, je vous conseille de distribuer ces aliments en trois repas.
Le volume n’est toutefois pas l’unique élément à prendre en compte pour permettre une bonne digestion. En effet, la composition des concentrés fait qu’ils doivent majoritairement être soumis à la digestion enzymatique : leur premier constituant est l’amidon, qui représente environ 60 % du poids des grains (orge et avoine nues, maïs) et souvent plus de 50 % de la matière sèche des aliments composés ! On admet classiquement qu’un cheval ne devrait pas consommer plus de 200 grammes d’amidon par repas par 100 kg de poids corporel, ce qui représente donc un maximum de 1 kg d’amidon par repas pour un cheval de 500 kg.
Si vous ne voulez pas prendre de risque, contactez-moi au 0 801 800 100 (numéro gratuit), notre logiciel de rationnement permet de déterminer cette valeur très précisément.
Cas pratique n°2 : Mon cheval reçoit son foin sous forme de ration et j’ai l’habitude de lui donner son aliment concentré avant le foin.
Si les concentrés sont distribués et consommés juste avant le fourrage, ils n’auront pas le temps d’être digérés dans l’intestin grêle, et se retrouveront alors dans le gros intestin … avec les risques que cela implique (voir plus haut).
L’utilisation « digestive » des concentrés ne sera donc pas satisfaisante si la distribution de fourrage suit immédiatement celle du repas de concentrés.
Solution au cas pratique n°2
Ce qui est sûr, c’est que vous ne rencontrerez pas de problème si votre cheval dispose de fourrage en permanence, qu’il s’agisse de foin ou de pâturage !
En revanche, si le fourrage est distribué, par repas, comme les concentrés, il est indispensable de ne pas distribuer le fourrage juste après les concentrés, car son ingestion va alors « propulser » le contenu de l’estomac (donc les concentrés) vers l’intestin grêle, accélérer le transit et diminuer le temps de digestion enzymatique. Ce qui risque fort de favoriser les fermentations malvenues dans le gros intestin.
Je vous conseille donc de distribuer la ration de foin au moins 1 heure avant celle des concentrés.
Donc concrètement, comment faire ?
Vous l’avez compris, le nombre optimal de repas dépend de la composition du repas, et du moment de sa distribution.
Pour optimiser la digestion et le confort digestif de votre cheval, le nombre de repas doit donc être considéré en fonction du mode d’alimentation général, incluant les fourrages, la composition du repas et son volume …
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos