C’est l’été, il fait beau, les jours rallongent, tout est réuni pour passer de bons moments avec sa monture. Mais des intrus viennent souvent gâcher le plaisir : les insectes, qui peuvent parfois faire vivre au cheval un enfer.
Il n’y a pas qu’en plein été que les tiques, mouches et autres taons se jouent des nerfs des équidés. Les insectes les harcèlent dès les premières chaleurs du printemps, jusqu’aux premières fraîcheurs de l’automne. C’est malgré tout durant la période estivale que les insectes sont les plus virulents, principalement à la tombée de la nuit. Aucune région de France n’est épargnée par ces envahisseurs. Seule l’altitude, à cause de ses nuits plus fraîches qu’en plaine, en diminue l’ardeur.
Ce sont surtout les insectes volants qui attaquent les chevaux, plus exactement les femelles, qui sont hématophages (sanguinivores). On dit des insectes qui agressent les chevaux que ce sont des ectoparasites (parasites externes).
Qui sont les ennemis ?
Les tiques sont parmi les plus précoces dans l’action. Elles montrent le bout de leur rostre (pièce buccale qui permet de percer la peau et de sucer le sang) dès le début du printemps. La tique est un acarien dont il existe plus de 600 espèces. Celle qui mord les chevaux est exophile, c’est-à-dire qu’elle vit à l’extérieur, dans les bois et les prairies. La tique est pathogène : quand elle s’en prend aux chevaux, ceux-ci courent le risque de contracter des infections ou des allergies. La plus redoutée est sans nul doute la piroplasmose (ou babésiose équine), une maladie parasitaire qui provoque de l’anémie ainsi que des dysfonctionnements hépatiques et rénaux ( Hépatodraine).
Dès que la température grimpe, les mouches plates apparaissent. De la famille des Hippoboscoidea, elles volent assez peu. Mais lorsqu’elles « élisent domicile » sur les chevaux, particulièrement en marge des organes génitaux, elles leur infligent de vraies morsures. D’où leurs réactions parfois violentes lorsqu’ils sont victimes de leurs assauts. Elles sont difficiles à retirer, et leurs piqûres induisent de vives douleurs.
D’autres insectes agacent particulièrement les chevaux aux beaux jours, les moustiques et les moucherons. Les premiers sont des diptères, il en existe plusieurs milliers d’espèces. Quant aux moucherons, ce ne sont pas des bébés mouches, mais des mouches (aussi de la famille des diptères) de petites tailles. Les piqûres de moustiques provoquent des prurits, qui peuvent être gênants. Elles peuvent aussi donner des allergies ou des maladies, comme le West Nile, aussi appelé fièvre du Nil occidental, qui génère des troubles neurologiques. De leur côté, les moucherons produisent des larves de gastérophiles. Ce sont des œufs que l’on peut voir sur les membres des chevaux en été. En se léchant, ils se parasitent.
Mais les moustiques sont surtout craints pour leur aspect allergisant. Notamment les culicoïdes, à l’origine d’un mal bien connu, la Dermatite estivale récidivante équine (DERE). Seuls les chevaux sensibles à la salive de ces moustiques peuvent contracter la maladie. Elle est un « poison » pour ses victimes, car elle leur inflige des démangeaisons qui peuvent être frénétiques.
Attirés par la chaleur
En période estivale, il n’est pas rare non plus de voir des taons rôder autour des chevaux. Ces grosses mouches sont, elles aussi, des diptères, qui appartiennent à la famille des Tanabidae. Elles agissent quasi exclusivement le jour et sont porteuses de virus, de bactéries, de protozoaires (petits organismes vivants) et d’helminthes (vers parasites). Leurs morsures peuvent être inflammatoires. ( Piège à taons)
A ne pas confondre avec les bourdons, qui sont des Hyménoptères, et que l’on croise facilement dans les mêmes périodes que les taons. En effet, les bourdons ne sont pas de la famille des mouches, moucherons et autres moustiques mais des abeilles. En principe, les Hyménoptères ne sont pas agressifs envers les chevaux. Ils ne les piquent que s’ils se sentent menacés par ces derniers. En revanche, lorsqu’ils attaquent, ils peuvent être violents. Leurs piqûres peuvent produire des œdèmes plus ou moins sévères, mais aussi des chocs anaphylactiques.
Répression et prévention
Il faut bien le dire, les moyens de lutte contre les insectes sont empiriques. C’est sans doute ce qui explique leur efficacité relative. C’est pourquoi il ne faut jamais hésiter à les mélanger.
On pourrait qualifier les procédés d’éviction des insectes d’indirects ou de directs. Les premiers sont ceux qui ne s’emploient pas à même les chevaux, les autres qui s’aspergent, se vaporisent ou s’appliquent directement sur leur peau. Le masque, sur la tête du cheval, demeure le grand classique de la protection indirecte ( Masque anti-mouches). Dans le même genre, il y a le bonnet ou le Frontal chasse-mouche. Toutes ces solutions de lutte contre les insectes n’isolent cependant que la tête des chevaux.
Dans la même catégorie de moyens de luttes indirects, il y a évidemment la protection naturelle. La queue et le toupet sont en effet de bons remparts, contre les mouches entre autres, à condition qu’ils ne soient pas toilettés trop courts. On trouve aussi des couvertures et chemises anti-mouches. Une méthode consiste également à enfermer les chevaux aux heures les plus chaudes de la journée.
Le bon sens, mais surtout l’hygiène, est un autre moyen indirect de prévention contre l’assaut des insectes. Tenir les boxes propres, détruire les gîtes larvaires (autrement dit retirer les crottins des carrières et des manèges, des prés et des paddocks), débroussailler les taillis, curer les cours d’eau, etc. contribuent à ne pas attirer les petites bêtes. Idem pour le pansage : lorsqu’il est fait régulièrement, surtout à la belle saison, il supprime le lit des nuisibles. Car ce sont bien la saleté, l’humidité et la chaleur qui constituent leur nid.
Côté prévention directe, le choix tourne autour de trois grandes familles de produits : les insectifuges, les insecticides et les acaricides. Les insectifuges ont une action très brève, de l’ordre de quelques heures. Ils sont destinés à faire fuir les insectes et se présentent souvent sous forme de roll-on, de solution de spray ou de gel ( Vita Repuls).
Les insecticides, comme les acaricides d’ailleurs, ont, eux une action prolongée, qui peut aller jusqu’à plusieurs jours. Les insecticides et les acaricides sont généralement des lotions, des crèmes ou des préparations à diluer dans l’eau. Les premiers ont pour rôle de tuer les insectes, et les seconds les acariens. Les insecticides et les acaricides sont globalement à base de dympilate, de phoxim ou de perméthrine. Ils peuvent être utilisés autrement que sur la peau des chevaux : sur les murs des boxes, les moustiquaires, les sols des manèges et des carrières, les couvertures et les harnachements, etc.
Les soins
Malgré les moyens qui peuvent être mis en œuvre, les insectes arrivent régulièrement à leurs fins, se nourrir du sang des chevaux. Ce qui n’est pas sans causer, dans certains cas, de sérieuses lésions de la peau. Il faut alors agir vite. Une plaie, si petite soit-elle, représente toujours un repas pour les insectes. En plus de la désinfection habituelle, il faut appliquer des crèmes insecticides, ou tout simplement de l’huile, qui a la particularité d’asphyxier les insectes. ( Equidermit).
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos