J’ai rencontré dernièrement un éleveur fervent défenseur des haies qui m’expliquait le rôle fondamental de ces dernières : brise vent, drainage du sol, infiltration de l’eau dans le sol … Et il m’a convaincu ! C’est donc à mon tour de tenter de vous convaincre cette semaine !

L’effet le plus connu est le rôle « brise vent » : la perméabilité de la haie évite la formation de tourbillons et constitue ainsi une très bonne protection pour les chevaux. D’après le chercheur Soltner, la vitesse du vent est alors réduite de 30 à 50% avec la présence d’une haie. Mais la haie n’a pas qu’un rôle de « brise vent » et c’est tout l’intérêt de mon article cette semaine.

De l’ombre pour la prairie

Si la haie apporte de l’ombre, cela peut être un inconvénient pour un champ cultivé mais pas pour une prairie. Elle limite l’ensoleillement à certaines périodes de la journée. L’ombre portée n’est que de une fois la hauteur de la haie. Par contre, moins connue, la haie constitue une zone de réflexion sur 4 fois sa hauteur. Elle renvoie le rayonnement infrarouge, donnant ainsi un supplément d’énergie à la prairie. La haie emmagasine aussi la chaleur qu’elle restitue la nuit. En période hivernale, elle limitera les gelées blanches et fournira un « abri » à vos chevaux. La haie jour un rôle important dans un climat tempéré. Elle limite le vent avec un effet tampon sur la chaleur.

Les effets sur le ruissellement de l’eau

La haie, et surtout le pied de la haie, limite et dirige le ruissellement de l’eau. Les crues sont 2 fois plus faibles sur un bassin versant bocager que sur un bassin versant arasé. La combinaison haie/fossé/talus interfère dans le cheminement de l’eau à l’intérieur du bassin. La haie est surtout les racines des arbres obligent l’eau à s’infiltrer dans le sol et atténuent le ruissellement des résidus d’engrais et des pesticides.

C’est aspect est à prendre en compte lors de l’implantation de haies qui devra être perpendiculaire au sens de la pente (c'est-à-dire parallèle aux courbes de niveau) pour jouer pleinement son rôle. Les crues catastrophiques relèvent de la pluviométrie, des remembrements, du déboisement, du recalibrage des cours d’eau et surtout des arasements excessifs des haies.

Du bois en sus

La haie produit aussi du bois. Celle-ci doit être abattue, élaguée ou émondée (couper les branches inutiles d’un arbre) tous les 15 ans environ. 300 m de haie produisent autour de 30 stères de bois de chauffage. Ce qui est largement suffisant pour chauffer une habitation pendant 6 mois. La vente de bois de chauffage reste aussi une possibilité de revenu.

Cependant, toutes les espèces n’ont pas le même pouvoir calorifique. Le charme est la meilleure essence, puis le chêne et le hêtre. Le châtaignier dégage peu de chaleur mais fait d’excellent piquet de clôture. Les arbres de haut jet peuvent être utilisés pour le sciage ou la charpente. Les peupliers sont aussi vendus pour le déroulage et la production de panneaux de particules. Enfin le bois de la haie peut être broyé ou déchiqueté, il participe ainsi sous forme de plaquettes au chauffage des bâtiments collectifs.

Les haies ? Fondamentales !

Pour les chasseurs et les amoureux de la nature, les haies sont de véritables nurseries pour toute la faune du bocage. Au plus bas, la strate herbacée sert aux petits mammifères (lapins, belettes, campagnols, mulots, perdrix, faisans, etc.).

Au milieu, la strate arbustive avec une floraison est indispensable pour les insectes dont certains, comme les abeilles, sont très utiles aux agriculteurs.

En haut de la haie, la strate arborescente sert aussi de perchoir et de lieux de nidification pour les coucous, corneilles, fauvettes, grives, pigeon ramiers et aussi les rapaces, buses, faucons et chouettes.

De plus, le talus peut contenir tous les terriers en allant du lapin au blaireau en passant par le renard. Les invertébrés sont les plus nombreux : 7 insectes différents dans les houx et plus de 284 sur les chênes.

Les haies constituent un écosystème avec un biotope et un milieu vivant très riche. Les échanges y sont nombreux et l’éleveur que j’ai rencontré à remarqué que l’équilibre biologique établit dans un bocage diminue le nombre de rongeurs. A contrario dans les plaines la prolifération y est importante … Alors, convaincu ?


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos