On aurait tôt fait d’associer au terme fourbure l’image d’un cheval ou d’un poney en surpoids ! Pourtant, même si l’obésité peut la provoquer, les causes de la fourbure peuvent être multiples. Chaque cheval pouvant être potentiellement victime de fourbure, je vous propose donc, cette semaine, un point sur cette pathologie pour mieux la connaître et mieux la prévenir …
La fourbure n’est pas une maladie stricto sensu. Il s’agit davantage d’une complication grave présente dans un certain nombre de maladies du cheval. Elle apparaît donc plutôt comme la conséquence d’un certain nombre de causes dont on peut établir la liste, sans toutefois comprendre tous les mécanismes qui la régissent. Facilement reconnaissable, elle se définit suivant quelques critères caractéristiques :
- Les tissus du pied sont le siège d’une inflammation sévère accompagnée de troubles vasculaires.
- Ces désordres vasculaires entraînent le décollement de la corne du sabot.
- Cela génère une déstabilisation mécanique du pied, le sabot se détachant du pied plus ou moins complètement.
- Ce processus s’accompagne d’une douleur intense dans le pied.
Causes multiples
Différentes causes sont susceptibles de générer une fourbure :
- Les troubles endocriniens :
Ils se traduisent par l’augmentation de l’insuline dans le sang. Certains poneys présentent cette tendance, également accompagnée d’une surcharge pondérale. Il en va de même chez les vieux chevaux présentant un syndrome métabolique. Cette augmentation de l’insuline entraîne des modifications dans la structure du podophylle qui le fragilisent.
- La surcharge permanente :
Elle entraîne un défaut d’irrigation dans les lamelles du podophylle qui sont alors en souffrance. En effet, la santé du pied du cheval repose sur une alternance entre appui et décharge contribuant à la bonne circulation sanguine. Dans le cas d’une surcharge cet équilibre n’est plus respecté.
- Les phénomènes liés à une infection ou une septicémie :
Lors d’infections avec des bactéries Gram négatif, une toxine est larguée dans la circulation sanguine. Elle va cibler des récepteurs sur des tissus cibles dans l’organisme, et particulièrement au niveau du pied, entraînant les troubles vasculaires engendrant la fourbure.
Autre exemple, on sait, aujourd’hui, que l’ingestion massive de grain entraîne un développement exponentiel de la population de certains germes dans l’intestin (streptocoques). Tous ces germes vont mourir simultanément à l’épuisement du substrat et larguer leurs déchets et toxines dans la circulation intestinale d’où elles gagneront les pieds et entraîneront la fourbure.
Stopper les causes
Comment traiter ces fourbures ? La première question que vous devez vous poser est de savoir si vous pouvez faire disparaître la cause. En effet, réussir à gérer la cause et y mettre un terme est un élément favorable.
Mais ce n’est qu’un premier point, car les phénomènes décris précédemment caractérisent la phase aigüe.
Ensuite, le vétérinaire doit évaluer les dommages du pied, au niveau de la relation entre le tissu vivant et le sabot, essentiellement par radio. En fonction du diagnostic, il conviendra de gérer les répercussions (maréchalerie), les cas les plus sévère s’accompagnant de dégâts irréversible au niveau du sabot.
Mieux vaut prévenir
Il serait donc tentant de penser que plus le problème est traité rapidement moins les lésions risquent d’être sévères … Malheureusement, rien n’est simple avec les fourbures, fourbes et difficiles à traiter. En effet, quand les symptômes de chaleur et de douleur apparaissent, les dégâts peuvent être déjà avancés.
Compte tenu de la rapidité de la survenue des symptômes entre la cause et l’effet (entre 12 et 48 heures), et de leur gravité, l’idéal serait d’en éviter l’apparition.
Le froid est ce qu’il y a de plus efficace pour contrôler les mécanismes inflammatoires. Des expérimentations ont révélé que le froid, à travers l’utilisation de glace, avait une très grande capacité d’action en phase initiale sur les phénomènes vasculaires entraînant le désengrènement.
Si le froid est difficile à prodiguer dans certains cas, une autre méthode consiste à installer le cheval sur un sol en sable très souple épousant bien le dessous du pied et sur lequel le cheval trouvera une position de confort.
On peut également combler complètement la sole avec des produits comme le plâtre.
Par ailleurs, le tendon perforant s’attache sur l’arrière de la troisième phalange, exerçant une traction. Cela entraîne une rotation de cette phalange et aggrave les phénomènes de désengrènement. Il est donc alors possible de recourir à l’élévation des talons de façon à diminuer la tension sur le perforant et à essayer d’éviter des phénomènes.
Fourbure = retraite ?
Hormis certains cas extrêmes, la contraction d’une fourbure entraîne-t-elle nécessairement la fin de la carrière sportive du cheval ? A question simple, réponse multiple.
- Si après l’accès de douleur passé, rien n’apparaît à la radio et si l’on détecte peu de signes mécaniques, on peut, en agissant avec une maréchalerie prudente, envisager une remise au travail progressive.
- Si un accès de fourbure à générer des lésions moyennes, avec une maréchalerie réussissant à corriger le pied, il sera éventuellement possible de ramener le cheval jusqu’au sport.
- Si après un accès de fourbure, des lésions très sévères apparaissent, le cheval restera handicapé.
Si nul cheval n’est à l’abri d’un accès de fourbure comme le prouvent les multiples causes de ce syndrome, pour autant, certains sujets sont plus sensibles que d’autres : les poneys et les ânes. Les vieux chevaux y sont également sensibles, parce qu’ils développent souvent le syndrome de Cushing qui entraîne une production anormalement élevée de cortisone et des troubles de l’insulinémie.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos