Défaut de propulsion, raideur, réticence à l’obstacle, difficulté dans le rassembler ou encore des pieds qui deviennent difficiles à ferrer, ou des coups de pieds, etc. Voici autant de signes que vous pouvez noter, outre une contre-performance ou une boiterie. Ils sont de potentiels signes d’appel d’une lésion pelvienne. Le diagnostic est souvent difficile …

Le rachis sert dans les phases de la locomotion. Pourtant, on a tendance à négliger son action. Tantôt dans un rôle de balancier, tantôt dans celui de la transmission des aides du cavalier, mais aussi dans celui de l’impulsion et de la propulsion. Il est aussi le siège de la moelle épinière, composant ô combien fragile comme peuvent le rappeler d’une façon dramatique certains accidents …


Le bassin osseux (ou pelvis) est une partie du squelette qui comprend les os coxaux, le sacrum et le coccyx. Cette zone constitue une jonction entre la colonne vertébrale et les membres postérieurs. L’os coxal est une fusion de l’ilium, l’ischion et le pubis.

La jonction sacro-iliaque est une articulation spécialisée située à la limite entre la partie ventrale de l’ilium et celle dorsale du sacrum. Elle joue donc un rôle dans l’attachement de la région pelvienne au squelette axial. Elle a un rôle de support du poids et aide au transfert des forces propulsives du membre postérieur à la colonne vertébrale. Les surfaces articulaires de la jonction sacro-iliaque sont presque plates et la capsule articulaire est fine. Cette articulation est également soutenue par des ligaments puissants.

Des signes d’appels variés

Il est reconnu que cette zone est une cause potentielle de maigres performances sportives et/ou de boiterie postérieure. On retrouve souvent, chez les chevaux concernés, un historique de performances limitées, un manque de volonté à travailler, une propulsion postérieure faible, une détérioration de la qualité du mouvement, un changement de comportement, des mouvements latéraux plus difficiles, une tendance à se désunir au galop ou encore une difficulté à changer de pied, etc.

Des lésions difficiles à préciser

L’ostéoarthrite est l’affection la plus courante chez les chevaux atteints de trouble dans cette région. La pathogénèse n’est pas encore totalement élucidée, mais les remaniements de type prolifératif pourraient être en relation avec une instabilité chronique résultant en un remodelage graduel et un élargissement conséquent des surfaces articulaires.

La desmite (lésion ligamentaire) du ligament sacro-iliaque, est une lésion courante des tissus mous à ce niveau. Un déchirement ligamentaire peut aussi exister dans cette région, et fait suite de la plus souvent à un trauma grave.

Enfin, une étude anglaise montre que les fractures pelviennes de stress auraient une prévalence relativement élevée chez les Pur-sang de course. Elles surviennent sur le bord caudal de l’ilium, adjacent à l’articulation sacro-iliaque. Une fracture incomplète peut provoquer une inflammation et la dégénération de l’articulation.

Les causes d’une douleur sacro-iliaque sont donc nombreuses : cela peut-être le résultat d’une arthrose sacro-iliaque, d’une desmite saro-iliaque, d’une subluxation ou luxation sacro-iliaque, de fractures pelviennes de stress. Le diagnostic différentiel peut inclure une trombose de l’aorte caudale ou des artères iliaques, une rhabdomyolyse (destruction de cellules musculaires) d’exercice, etc.
En outre, les chevaux qui ont des troubles présumés au niveau de la région vertébrale thoraco-lombaire, peuvent aussi avoir des lésions concomitantes de l’articulation sacro-iliaque.

Une région délicate à explorer

Les chevaux qui présentent des lésions de la jonction sacro-iliaque ont une sensibilité localisée, qu’il est parfois possible d’apprécier en palpant les tissus avoisinants. Des spasmes musculaires peuvent éventuellement être ressentis.
Un cheval qui a une lésion sacro-iliaque chronique à souvent une raideur de compensation et une douleur au niveau de la partie proximale du membre postérieur. Et d’ailleurs, c’est parfois la boiterie du membre postérieur qui est le signe d’appel.

L’imagerie médicale peut compléter l’examen clinique

L’examen clinique est une première étape essentielle. Le vétérinaire pourra ensuite conseiller ou non d’autres examens complémentaires selon les cas.

L’échographie est une pratique d’imagerie qui pourra éventuellement donner des informations sur les surfaces osseuses, articulaires, mais aussi les tissus mous. L’évaluation échographique tente aussi d’accéder aux ligaments.

La scintigraphie offre une technique d’imagerie non invasive, qui peut être réalisée sur un cheval debout (anesthésie générale non nécessaire). Elle permet d’identifier certaines anomalies osseuses qui ne sont pas toujours visibles à la radiographie. La technique consiste à évaluer les anomalies du métabolisme osseux en injectant un radionucléide qui émet des radiations. Ce traceur se fixe sur les zones où l’activité est plus intense. Certaines lésions musculaires peuvent aussi se révéler par une hyperfixation

Le traitement dépendra, bien entendu, du diagnostic. C’est essentiellement un traitement de soutien, non spécifique (injections locales, anti-inflammatoires, mésothérapie, etc.). Un retour progressif à un exercice léger est requis. Il permet de maintenir le développement de la musculature des régions du dos et grand fessier (région glutéale, zone de transition entre le dos et la croupe du cheval), et de réduire l’impulsion par le membre postérieur. La maréchalerie, l’acupuncture, la physiothérapie peuvent aussi être autant de méthodes que le vétérinaire recommandera selon le cas en association.



Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos