La digestion des fourrages à brins longs (comme le foin ou l’herbe), commence par une mastication efficace. Pourquoi ? Car la mastication permet de réduire la longueur des particules de fibres et d’augmenter la surface qui sera exposée aux enzymes et bactéries digestives plus loin dans le tractus.
- Il a été montré que la longueur des particules de fibres retrouvée dans l’estomac des chevaux reflétait la longueur des particules retrouvées dans les fécès.
- Il a également été montré que la réduction significative de la longueur des particules de fibres ne se produisait dans aucune autre partie du tractus gastro-intestinal.
Alors une bonne dentition, est-ce indispensable pour bien digérer les fibres ?
La dentition du cheval est appelée « hypsodonte » et convient parfaitement au pâturage d’herbes et de foins durs, fibreux et souvent abrasifs. Chez le jeune cheval, chaque molaire a une longue couronne qui s’étend profondément dans les os du crâne et de la mâchoire inférieure. Elle dépasse largement la couronne exposée visiblement dans la bouche. Lorsque les molaires qui se font face broient les aliments, la surface occlusale (surface de contact) de chaque dent est usée et remplacée avec la couronne « de réserve » qui émerge au fur et à mesure. Avec le vieillissement du cheval, la réserve disponible de couronne réduit et au final les dents sont moins ancrées, bougent et peuvent être perdues.
La surface de chaque molaire est traversée par des crêtes en émail très résistants qui permettent de broyer efficacement l’herbe et le fourrage lorsque les mâchoires se déplacent ensemble dans un mouvement circulaire.
Ce mouvement circulaire est important pour assurer une usure uniforme sur la surface occlusales, en aidant à prévenir la formation de pointes (surdents) et de blessures aux tissus mous telles que les ulcérations de la langue et des joues (muqueuse buccale).
La table dentaire de nombreux chevaux âgés devient lisse, avec la perte des crêtes en émail des molaires lorsqu’elles arrivent en fin de vie. Lorsque les dents sont touchées, il est peu probable que ceci soit préjudiciable à la mastication des fourrages, mais dans les cas avancés une adaptation alimentaire devient nécessaire.
Chez le jeune cheval, la surface transversale de chaque molaire est de grande taille et de forme cuboïde, de sorte que chaque molaire est en butée contre les molaires voisines de l’arcade dentaire. Avec le vieillissement du cheval et l’usure dentaire progressive, l’aire de surface transversale diminue et devient plus circulaire, ce qui entraîne la formation de « trous » entre les molaires. Ceux-ci sont appelés des « diastèmes séniles ».
Les diastèmes peuvent retenir des aliments viciés, en particulier des éléments fibreux, ce qui entraîne alors des infections bactériennes, récessions gingivales, maladies parodontales et pertes de dents. Comme chez l’homme, les maladies parodontales peuvent être extrêmement douloureuses et rendre le cheval peu disposé à manger du fourrage, de la nourriture solide, ou à boire de l’eau fraîche.
Les signes cliniques des maladies dentaires incluent le « quidding » (rejet de nourriture partiellement mastiquée), l’accumulation de nourriture dans les joues, la salivation excessive, l’halitose (mauvaise haleine), la perte de poids et un risque accru d’obstruction œsophagienne ou de colique. La détérioration de la capacité d’un cheval à mastiquer peut également entraîner des signes moins visibles, tels que la production de fèces normales suivies d’une quantité abondante de liquide avec une longueur accrue de particules fibreuses dans les fèces.
Lorsqu’un cheval présente des signes de maladies dentaires, on pense souvent à lui mettre à disposition des fibres hachées ou des aliments concentrés dans l’espoir d’aider son cheval à maintenir son poids. Cependant, pour mâcher un concentré, le cheval réalise peu de mouvements masticatoires latéraux ce qui exacerbe les surdents existantes. Les fibres hachées devraient être évitées si des diastèmes non traités sont toujours présents, car la longueur de ces fibres permet aux éléments de se loger plus facilement dans les espaces.
Aussi, je vous conseille, pour les chevaux de tous âges de programmer un examen dentaire annuel. Une fréquence plus rapproché de ces examens peut être nécessaire lorsqu’une pathologie dentaire est présente. Les examens dentaires vous permettront de prendre des décisions éclairées sur la manière d’apporter des fibres aux chevaux.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos