Avant de donner des céréales à votre cheval, il faut songer à les transformer : qu’est-ce qui s’aplatit, se concasse ? Je vous dis tout, y compris sur le mode de conservation.
Que concasser ou aplatir ?
Ce qui est déterminant dans la prédisposition d’un grain à être concassé ou aplati, c’est, d’une part, la densité du grain, et d’autre part, l’adhérence plus ou moins importante de l’amande par rapport à son enveloppe.
Concasser un grain accroît la digestibilité de l’amande et de ses nutriments. Cette transformation mécanique, qui consiste à juste éclater le grain en deux ou trois morceaux, facilite en effet le travail des enzymes intestinales. Les grains dont la cuticule adhère bien à l’amande, tels que l’orge, le maïs et le pois fourragé, doivent être concassés. En phase de stockage, ils se dessèchent, donc, sauf à préalablement les réhydrater, et à recourir à une technique industrielle de floconnage, ces céréales sont impossibles à aplatir.
Attention ! Si l’orge ou le maïs sont concassés avec excès (ce qui s’observe assez souvent), il va en résulter de la farine laquelle est, en règle générale, dangereuse si elle est distribuée aux chevaux car elle est susceptible de créer des bouchons œsophagiens. En outre, la poussière de cette farine est source de pathologies respiratoires.
En revanche, pour un grain dont l’amande est peu attachée à la cuticule, telle que l’avoine, on va l’aplatir facilement et obtenir un joli flocon sans trop de poussière.
Le temps est compté
Lorsque l’on traite mécaniquement un grain en faisant éclater sa cuticule, il devient vulnérable face à l’attaque d’éléments extérieurs, au premier rang desquels on trouve l’air, qui oxyde tous les éléments nutritifs contenus dans le grain, et l’eau, qui engendre sa pourriture.
C’est pourquoi, tout grain subissant une transformation doit être consommé dans un délai allant, idéalement, d’un à trois jours, mais jamais au-delà de quinze. En effet, plus on conserve longtemps un grain aplati ou concassé, plus il perd de ses qualités nutritives et peut même devenir toxique. Le schéma idéal consiste donc à transformer une quantité correspondant à trois jours maximum de consommation.
Matériel
Deux critères majeurs à prendre en compte : le dépoussiérage et le débit horaire. Puisqu’il est question de transformation mécanique, je tente un aperçu de ce que l’on trouve sur le marché en termes d’aplatisseurs et concasseurs. Grosso modo, il existe deux types d’appareils : ceux conçus pour traiter des petites quantités et qui, de ce fait, ne requièrent aucun réglage, et ceux dont le réglage s’adapte à la céréale à transformer, plus volumineux et plus chers.
Investir dans cet outil est-il judicieux ? Le nombre de chevaux à l’entretien est déterminant. Lorsque l’on a moins de cinq chevaux, l’achat d’un aplatisseur-concasseur ne se justifie pas.
La fonction dépoussiérage est un critère important dans le choix d’une machine, or toutes n’en disposent pas ! Cela s’explique par le fait que ce type de machines s’adresse également à d’autres élevages que celui du cheval, pour qui le dépoussiérage revêt un caractère primordial. Si sa fonction première est d’ôter la poussière résultant de l’écrasement des grains, le dépoussiéreur procède aussi à leur brossage, lequel permet d’enlever les barbillons, qui sont irritants pour l’appareil respiratoire supérieur (pharynx) et l’appareil digestif du cheval.
Le second critère à considérer est le « rendement horaire ». Plus celui-ci est faible (30 kg/h), plus il correspondra aux besoins d’un particulier ayant un faible effectif à l’entretien, lequel se situe entre 3 et 5 chevaux ; au-delà, il faut s’orienter vers des débits par heure plus conséquents.
Conservation : soyez toujours vigilant !
Les deux risques majeurs sont l’humidité et les parasites.
Même si la cuticule constitue une bonne protection de l’amande, il faut toujours s’assurer de l’absence d’acariens qui spolient les grains en se nourrissant. Comment déceler leur présence ?
Trois indicateurs d’alerte à considérer :
- Le stock de céréales chauffe. Les grains étant attaqués, ils emmagasinent de l’air, ce qui déclenche un processus de fermentation. Plonger la main dans les grains suffit à percevoir cette montée en température.
- La vision des acariens dans et sur les grains.
- Enfin, soupesez les grains. S’ils sont trop légers, c’est vraisemblablement que certains sont vidés de leur amande. En effet, les charançons sont pourvus d’une trompe très dure grâce à laquelle ils percent la cuticule pour atteindre l’amande qu’elle renferme et s’en nourrir.
Dès lors, ces grains attaqués n’ont plus de valeur nutritive, puisqu’ils ne se composent plus que de cellulose, qui offre peu d’intérêt. D’autre part, ils peuvent être allergisants pour le cheval du fait de la présence de ces insectes.
Il faut également s’assurer qu’ils sont à l’abri de l’humidité, source de moisissure et de pourriture. Pour cela, le stockage dans des silos aériens est à privilégier.
Autre parasites : les rongeurs. Leur urine déposée sur les grains dont ils se délectent peut être porteuse de maladie (leptospirose) et leurs excréments rendent l’aliment sans appétence pour le cheval.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos