L’emphysème est invalidant, car il conduit irrémédiablement à une détresse respiratoire. La maladie s’aggravant avec le temps, il convient de prendre des mesures drastiques, notamment au niveau de l’alimentation et de l’environnement.

Désormais appelé maladie pulmonaire obstructive chronique (COPD), l’emphysème se caractérise par des crises d’accès de pousse, avec toux et, selon les cas, jetage, intolérance à l’effort et dyspnée respiratoire, parfois associés à une perte de poids, mais généralement sans fièvre. Cette toux est une réaction de l’organisme à l’inhalation de particules étrangères induisant une réponse inflammatoire. L’état emphysémateux se développe progressivement, et il est nécessaire, dès le diagnostic posé, d’adapter l’environnement pour diminuer la fréquence des crises et limiter l’aggravation de l’état. 

Écurie ou prairie ?

Un cheval emphysémateux vit beaucoup mieux dans un milieu contenant moins de poussière et de particules en suspension dans l’air. L’idéal sera donc de le placer dehors, par exemple dans un pré en herbe. Néanmoins, dans certains cas, l’écurie est la seule possibilité envisageable. Il faut alors veiller à plusieurs paramètres. Le box, qui ne se trouvera pas sous le grenier à foin, devra être bien aéré et ne pas trop communiquer avec celui du voisin afin de limiter la circulation des poussières lors du paillage ou de la distribution de foin. Un box placé près de la sortie de l’écurie constitue parfois une bonne solution, car c’est celui qui sera le moins exposé aux poussières des autres boxes. Toutefois, attention : s’il se trouve en plein courant d’air et en face du stockage du fourrage, la solution ne sera pas idéale !

Litière ou paillage ?

La litière peut représenter une source d’inconfort et augmenter la fréquence des crises à cause des acariens, de la poussière ou de l’ammoniac qu’elle renferme. Il est donc fréquent de voir les chevaux emphysémateux placés sur des litières à base de lin ( LINDÉOS) ou de copeaux (COPODÉOS)… Cette option pourra limiter les particules en suspension mais la litière devra, dans tous les cas, être suffisamment bien entretenue pour éviter l’accumulation des crottins, mais aussi des odeurs d’ammoniac dues à l’urine. Le box devra être entretenu quotidiennement, totalement vidé et désinfecté une fois par semaine, voire plus si nécessaire (le cheval étant préalablement sorti évidemment).

Un cheval emphysémateux étant rarement le seul occupant de l’écurie, à l’heure du nettoyage et du paillage des autres boxes il devra absolument être sorti et placé dans un endroit non exposé, comme un pré herbagé, même petit, ou une carrière de sable pas trop sec. Il devra y rester le temps nécessaire à ce que les poussières en suspension en l’air dans l’écurie soient retombée : comptez une bonne heure une fois l’entretien de l’écurie totalement terminé (temps variable, à adapter selon les cas).

Foin mouillé ?

Bien entendu, il est préférable de distribuer à un cheval emphysémateux un foin préalablement mouillé, suspendu à un filet à l’entrée extérieure du box. Le cheval doit y avoir facilement accès, sans mouiller sa litière et sans risquer de se prendre un pied dans le filet. Attention, il ne suffit pas de quelques gouttes d’eau pour bloquer la poussière et les spores…
Une astuce consiste à remplir un filet de foin et à le plonger le soir dans une grande poubelle propre remplie d’eau. Il en sera ressorti pour le repas du matin. Un autre filet sera à son tour rempli et trempé pour le repas de foin suivant … Ce système est très commode : pensez à changer l’eau de la poubelle tous les jours et, pour consommer moins d’eau et vous faciliter la tâche, distribuez le foin trois fois par jour : votre filet sera moins lourd ! Attention, pensez que, comme pour le paillage, la distribution de foin aux voisins peut générer beaucoup de poussière et doit donc être contrôlée.

Le foin classique peut également être remplacé progressivement par du foin dit enrubanné, plus humide (il doit tout de même contenir au moins 50% de matière sèche pour pouvoir être distribué aux chevaux) et moins poussiéreux. Attention à la conservation de ce fourrage : elle doit être parfaite avant ouverture de la balle entourée d’un film plastique, et, une fois ouverte, la conservation n’excédera pas deux à trois jours, selon le temps. Par ailleurs, en raison de la teneur en eau supérieure, la quantité (en kilo) de foin enrubanné distribuée devra donc être une fois et demie à deux fois plus importante que pour un foin classique.

Repas de concentrés

Certains chevaux emphysémateux tolèreront mal les rations de concentrés, en particulier si ceux-ci sont un peu farineux comme les céréales concassées, voire certains aliments composés. Humidifier un peu l’aliment avant sa distribution représente donc une solution intéressante. Attention cependant : certains aliments gonflent plus que d’autres, leur ingestion rapide ou en trop grande quantité peut engendrer un risque d’engouement. Le mash (MASH ÉQUIDÉOS) peut être une solution intéressante pour certains chevaux emphysémateux. Si ce dernier, constitué majoritairement  de céréales cuites, de graines de lin, d’huile et de sel, devient l’aliment concentré quotidien, il doit être équilibré par un complément minéral vitaminé apportant également du calcium (MINFIRST).

Bien entendu, la lecture des paragraphes précédents laisse supposer, et à juste titre, qu’il faut éviter de faire travailler ou de monter un cheval emphysémateux sur un terrain poussiéreux, qu’il s’agisse d’un manège, d’une carrière ou d’extérieur. Lorsque la capacité respiratoire d’un cheval est diminuée, il est indispensable que son travail soit adapté en intensité et en durée.

Toutes ces mesures peuvent (et doivent) être mises en place le plus tôt possible, une fois le diagnostic posé, de manière à permettre de diminuer au maximum les crises, ce qui permettra au cheval de conserver un potentiel respiratoire maximal le plus longtemps possible.

 

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos