Il est bien connu que les excès de glucides (amidon et sucres) qui atteignent le gros intestin sont une des principales causes de coliques et de diarrhées induites par le régime alimentaire. Ces excès entraînent une augmentation de la production bactérienne de lactate et une baisse du pH, qui entraîne une diminution de la digestibilité des fibres, une inflammation de la muqueuse, des douleurs intestinales et des troubles de la motilité.
Toutefois, l’influence des fibres est tout aussi importante pour augmenter ou diminuer les risques de coliques ou de diarrhées. Je vous explique pourquoi dans cet article de blog !
Le manque de fibres digestibles est à l’origine d’un environnement intestinal où les populations de microorganismes fibrolytiques sont en trop faibles concentrations pour assurer un écosystème stable et équilibré. De nombreuses études ont souligné que la consommation de matière sèche de fourrages devait être au minimum de 1.5% du poids vif du cheval. Si les apports de fourrages sont inférieurs, les risques de développer des problèmes gastro-intestinaux augmentent.
La distribution de grandes quantités de fibres non digestibles peut augmenter les risques de certaines stases et impactions. Par exemple, la distribution de paille ou de foin très tardif est un facteur de risque connu pour les impactions du caecum et du côlon.
La taille des fibres influence la motilité et le transit dans le tractus gastro-intestinal équin. Les particules les plus grosses se déplacent plus lentement, comme cela était montré dans une étude où le foin présenté sous forme hachée avait une durée de rétention ante-caecale plus longue que le foin broyé et granulé. Une étude récente suggère également que le fourrage peut influencer la vitesse de vidange gastrique et/ou la durée de transit dans l’intestin grêle. Dans cette étude, le pH caecal des chevaux qui recevaient du foin avant un repas d’avoine atteignait son niveau minimum plus tard que lorsque l’avoine était distribuée avant. Cela pourrait refléter une vidange gastrique plus longue et une baisse de la vitesse de transit dans l’intestin grêle.
La composition en fibres de la ration, et particulièrement des changements récents de fourrages, ont été identifiés dans plusieurs études épidémiologiques comme des facteurs de risque pour les coliques. Un changement de foin dans les deux précédentes semaines augmente suivant les études de 4.9 à quasiment 10 fois le risque de développer des coliques.
Quelles sont les recommandations alimentaires pour prévenir les coliques et les diarrhées ?
Apporter aux chevaux suffisamment de fourrages (foin, enrubanné, ensilage), et respecter le minimum de 1.5% du poids vif en matières sèches de fourrage par jour. Pour les chevaux avec des besoins énergétiques très élevés, il est possible de monter jusqu’à 2.5%.
Pour les chevaux qui ont de faibles besoins énergétiques, nourrir avec des fourrages de basse valeur énergétique, mais éviter d’apporter de la paille comme principale source de fibre. Au contraire, pour les chevaux avec des besoins énergétiques élevés, préférez des fourrages de haute valeur nutritionnelle ou complémenter avec des fibres à haute teneur énergétique comme la pulpe de betterave déshydratée, les granulés de luzerne, les coques de soja, etc.
Permettre au gros intestin de s’adapter à tout nouveau type de fourrage en substituant graduellement un fourrage par un autre sur une période d’au moins 14 jours.
Apporter les fourrages avec les céréales pour ralentir la vidange gastrique et réduire la vitesse de transit dans l’intestin grêle.
Pour les chevaux prédisposés au diarrhées, préférez le foin que des fourrages avec une faible matière sèche (<60%).
Éviter les longues périodes sans accès aux fibres (paddocks secs, boxes sur copeaux, etc.) et apporter les fourrages en trois repas minimum si les chevaux n’ont pas accès à volonté au fourrage.
Contrôler les apports d’amidon : au maximum 1g/kg de poids vif/repas, et idéalement moins de 2g/kg de poids vif/jour.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos