Produire un foin de qualité pour ses chevaux : quelles espèces privilégier ?

Dans mon dernier article consacré à la récolte du foin, je laissais en suspens un des paramètres : Les espèces présentes dans votre prairie. Si vous êtes sur le point de semer votre prairie de fauche ou que vous souhaitez savoir si les espèces présentes dans votre prairie sont intéressantes, cet article peut vous aider !

Il y a à disposition une diversité de familles, d’espèces et de variétés pour composer une prairie de fauche adaptée aux chevaux.

Deux grandes familles sont souvent comparées pour les prairies : les graminées et les légumineuses. En générale, les graminées (Raygrass, Dactyle, fétuque, etc.) sont caractérisées par une plus grande teneur en sucres solubles donc plus énergétique alors que les légumineuses (Luzerne, trèfle, lotier, etc.) sont caractérisées par une plus grande teneur en matière azotée (protéines).

Ces espèces diffèrent aussi par leurs adaptations aux conditions pédoclimatiques. Les graminées montrent plus de tolérance à des sols acides que les légumineuses, leur rendement sera donc plus important sur ce type de sol.

Les graminées

Des études de typologies ont différencié les graminées en 4 à 6 groupes suivant des caractéristiques communes. Le trait de différenciation principale est la stratégie d’acquisition des ressources (capture (A, B, b) ou conservation (C, D, d) de la plante.

Type A : Ce sont des espèces de milieux fertiles, plutôt de petite taille, très précoces et possèdent une durée de vie des feuilles courte. Elles sont donc aptes à être pâturées précocement et fréquemment. Espèces types sont : Raygrass anglais, vulpin des prés, houlque laineuse.

Type B : Il s’agit d’espèces de milieux fertiles, d’assez grande taille, moyennement précoces et une durée de vie des feuilles plus longue que le Type A. Ces espèces sont aptes à une fauche assez précoce, de qualité, mais peuvent être exploitées en fauche tardive si la quantité est privilégiée. Espèces types : Dactyle, Fétuque élevée, Fétuques des prés.

Type b : Il s’agit d’espèces préférant des milieux relativement fertiles mais qui sont tardives. Il s’agit souvent d’espèces subordonnées de pré de fauche ou d’espèces permettant un pâturage plus estival. Espèces types : Chiendent, Agrostide, Fléole des prés.

Type C : Ces sont des espèces de petite taille, de faible production, moyennement précoces et peu adaptées aux pratiques de fauche. Il s’agit d’espèces ayant une résistance à la cassure faible, caractéristique leur conférant une assez bonne valeur fourragère au stade végétatif. Espèces types : Fétuque ovine, Crételle, Brize intermédiaire.

- Type D : Espèces de taille moyenne, très tardives et typiques des estives ou parcours peu fertiles et peu utilisés. Leur grande résistance à la cassure est un indicateur de leur faible valeur fourragère. Espèces types : Brachypode pennée, Avoine sillonnée.

- Type d : Espèces de taille assez grande et très tardives, rencontrées dans des sols peu riches. Elles présentent la plus longue durée de vie de feuilles. Espèces types : Canche caspiteuse, Molinie bleue.

Les légumineuses

De la même façon, les légumineuses peuvent être différenciées en fonction de la dégradabilité des protéines. Plus la plante est riche en tanin et moins les protéines se dégradent vite. La luzerne et le trèfle violet présentent plutôt une dégradation des protéines rapides à l’inverse du lotier et du sainfoin. Malheureusement, les légumineuses présentant une dégradabilité plus faible sont caractérisées par des valeurs agronomiques modestes dans la plupart des conditions pédoclimatiques. Néanmoins, une association entre ces légumineuses peut être un bon compromis.

Toutes les espèces n’ont pas la même aptitude à la fenaison. Dactyle, Luzerne et fétuque élevée ont une bonne aptitude contrairement au raygrass anglais et au trèfle blanc. La ploïdie joue un rôle dans cette aptitude puisqu’en général plus elle est grande et plus la teneur en eau est élevée.

Comment choisir les variétés à implanter ?

Le choix des variétés doit se faire en fonction de nombreux paramètres souvent bien décris pour chaque espèce. Ces paramètres sont la précocité (départ en végétation ou épiaison), la souplesse d’exploitation (nombre de jours séparant le départ en végétation et le début de l’épiaison), l’alternativité (aptitude à monter en épis l’année du semis), la remontaison (aptitude des plantes à refaire un cycle de reproduction à la suite d’une exploitation), la ploïdie (nombre de pairs de chromosome), la résistance aux maladies et les types botaniques. Plus l’épiaison est tardive (Luzerne, RGA) et plus vous pourrez récolter votre foin tardivement. Plus la souplesse d’exploitation sera grande (fétuque élevée, fléole des prés) plus vous pourrez vous adapter à la météo et à votre disponibilité pour la récolte de foin.

Les associations entre espèces et variétés (prairie multi-espèces) permettent de combiner des performances agronomiques et environnementales tout en ne diminuant pas la qualité nutritionnelle des fourrages. Utiliser la complémentarité des espèces (productivité, qualité) permet une production plus durable (étalée dans l’année et pérenne), plus rustique (résistant aux maladies et aux stresses environnementaux) et avec des services auxiliaires importants (biodiversité, diversité d’apport pour les animaux).

Il est important de prendre des espèces et variétés adapter à votre territoire. Si la composition n’est pas adaptée la production sera diminuée en quantité et en qualité.

Il existe des mélanges prêts à semer pour vous aider à replanter une prairie. L’implantation d’une prairie est complexe et il est important de se poser les bonnes questions.

Pour choisir votre prairie de fauche, vous pouvez réfléchir aux questions suivantes :

- Pour combien de temps l’implantation est prévue ?
- Dans quel type de sol ?
- Sous quel climat ?

N’hésitez pas à demander conseil auprès de nos experts au 0 801 800 100.

Sources :
Bernadette Julier, Christian Huyghe, 2010. Quelles légumineuses fourragères (espèces et variétés) et quelles conduites pour améliorer l’autonomie protéique des élevages herbivores ? Innovations Agronomiques, INRA, p 101-114. P. Cruz, J.-P. Theau, E. Lecloux, C. Jouany, M. Duru, 2010.Typologie fonctionnelle de graminées fourragères pérennes : une classification multitraits. Fourrages, p 11-17.


Suzie Bathellier