La fourbure est une affection redoutée, à juste titre, par tout cavalier, éleveur ou propriétaire d’un cheval. Or, cette maladie invalidante peut atteindre tous les chevaux, quelque soit leur race, leur utilisation, leur âge ou leur sexe. De plus l’avenir d’un cheval rescapé de fourbure est fortement compromis …
La fourbure est une maladie grave, évoluant généralement sur le mode aigu. D’origine variée, elle induit une inflammation importante au niveau du pied du cheval. Elle touche préférentiellement les chevaux adultes et les poneys y sont particulièrement sensibles. Cette maladie est complexe, longue à soigner et ses conséquences peuvent être dramatiques pour le cheval. Ses causes sont multiples et rarement accidentelles : elle résulte généralement de mauvaises pratiques alimentaires ou d’une utilisation (élevage ou sportive) inadaptée du cheval.
Que se passe-t-il au niveau du pied ?
La fourbure résulte d’une congestion aiguë des tissus pariétaux du pied : le sang ne circule plus correctement et les tissus ne sont plus suffisamment oxygénés. Cela évolue vers la nécrose et la dissociation des lamelles du podophylle et de celles du cératophylle. Le tout se solde par une perte de cohésion entre la boîte cornée et la phalange distale. Ce désengrènement entre la paroi et la phalange entraîne une bascule, voire une descendante de la phalange distale.
La cause d’origine alimentaire.
Les fourbures sont souvent liées à des erreurs alimentaires entraînant des désordres (production d’endotoxines) au niveau de la flore bactérienne digestive. Les erreurs les plus fréquentes sont un changement brutal de régime alimentaire, une alimentation pauvre en fibres, un excès de glucides fermentescibles dans le gros intestin, etc. Certains aliments, tels que l’orge, le blé, le maïs ou l’herbe de printemps en abondance, sont particulièrement « à risque ». En revanche, l’avoine et les aliments industriels qui ont apport amidon/cellulose faible, sont rarement responsables de fourbure ( Fiber Club).
La fourbure peut également apparaître suite à :
- Une infection endotoxémique (processus infectieux, viral ou bactérien, tels que diarrhée, coup de froid, colique ou rétention placentaire).
- Un traumatisme de la paroi(fourmilière ou corps étranger) ou des traumatismes intenses et répétés subis par les pieds (surentraînement ou travail réalisé sur un sol trop dur).
- L’absorption d’une grande quantité d’eau froide par un cheval en sueur (risque de coliques).
- Une intoxication médicamenteuse (surtout avec les corticoïdes).
- Un déséquilibre endocrinien (maladie de Cushing).
Deux hypothèses sont envisagées pour expliquer la fourbure :
- Une hypothèse « vasculaire » : formation dans l’organisme d’une quantité importante de substances vaso-actives (endotoxines ou amines) qui entraînent une vasoconstriction du système veineux.
- Une hypothèse « enzymatique » : activation d’enzymes tissulaires (métalloprotéinases) par des médiateurs inflammatoires apportés par la circulation générale.
Les chevaux et les poneys qui présentent un excès de poids, des sabots encastelés ou des mauvais aplombs sont prédisposés aux fourbures. Il en va de même lors d’un stress éprouvant pour le cheval (longue épreuve d’endurance ou long transport).
Une symptomatologie assez caractéristique.
Une fourbure aiguë provoque à la fois des signes généraux et des symptômes locaux. Localement, le pied atteint est chaud et douloureux. La simple percussion avec un doigt sur la pince du sabot provoque une réaction de défense. Le bourrelet coronaire est oedématié. Le pouls digité, relevé au pied ou sur le canon est augmenté. Même si ce sont le plus souvent les deux antérieurs qui sont touchés, un, deux, trois ou quatre pieds peuvent être atteints. Au niveau général, on note une augmentation de la fréquence cardiaque et de la fréquence respiratoire, une hyperthermie à 39-41°C et une congestion des muqueuses (l’oeil du cheval est injecté de sang). Le cheval est raide, campé, en appui sur les talons pour soulager la compression en pince due à l’inflammation. Selon le degré de fourbure, il boite, piétine ou au contraire, reste prostré et immobile, voire se couche.
Les risques de complications sont réels : les chevaux présentent souvent suite à la fourbure une insuffisance rénale ou hépatique (Hépatodraine). Des lésions du pied très grave peuvent se produire, le pire étant le déchaussement du sabot. Mais le plus souvent, l’évolution se limite à la bascule de la 3ème phalange qui peut parfois perforer la sole devant la pointe de la fourchette. La mort peut survenir en raison de la douleur (choc) ou suite à des troubles généraux (colique ou septicémie).
Lorsque la fourbure devient chronique, la position antalgique que prend le cheval (penché en arrière) et la bascule éventuelle de la 3ème phalange, conduisent à une modification des aplombs. La corne pousse très vite en talon et le sabot s’allonge en pince avec une forme caractéristique recourbée vers le haut. La paroi est cerclée de nombreux bourrelets faisant suite aux inflammations répétées du bourrelet coronaire. La sole devient bombée et douloureuse.
Un cheval rescapé d’un épisode de fourbure, qu’elle qu’en soit la raison, reste toujours « en sursis », car les récidives sont fréquentes. L’alimentation, qui peut elle-même être à l’origine du problème, doit être repensée sérieusement.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos