Comme les humains, les chevaux ont d’abord une dentition déciduale (dents de lait) qui laisse progressivement place aux dents définitives qui nécessitent une attention particulière et des soins réguliers.
Les dents déciduales ou « dents de lait »
Dès la naissance du poulain ou dans les jours suivant, les dents déciduales font leur apparition. Elles ne sont pas utiles tout de suite puisque le petit ne s’alimente qu’avec le lait de sa mère. Ce n’est que vers l’âge d’un mois que les poulains s’orientent vers une alimentation mixte. Vers l’âge de deux mois, 24 dents déciduales sont présentes selon la formule dentaire suivante : I 3/3 – C 0/0 – PM 3/3 (I : incisives, C : canines, PM : prémolaires). Cela correspond à 3 incisives et 3 prémolaires par demi-mâchoire supérieur (chiffre du haut) et inférieure (chiffre du bas).
Les dents définitives
À partir de deux ans et demi environ, les dents de lait vont tomber selon un ordre chronologique précis et être remplacées par les dents définitives. Celles-ci présentent des racines longues de plusieurs centimètres. Le nombre de racines varie de 1 pour les incisives à 4 pour la quatrième prémolaire supérieure. Les dents sont entourées par les gencives, c’est la zone de la muqueuse buccale qui concoure à les fixer dans les alvéoles. Chez les mâles et certaines femelles dites « bréhaignes », les canines apparaissent dès 6 mois. Les premières molaires définitives apparaissent vers l’âge de 10 à 12 mois environ, en arrière des prémolaires de lait. Toutes les dents définitives seront sorties et en place. Les dents de la mâchoire supérieure seront au contact des dents de la mâchoire inférieure vers l’âge de 5 ans. On dit alors que la bouche est faite. La dentition adulte est complète, 36 dents pour les juments et 40 pour les mâles. Sur chaque mâchoire, on distingue : 6 incisives (pinces, mitoyennes et coins), 2 canines (crochets), puis en arrière des barres, 6 prémolaires et 6 molaires.
Les barres
On appelle barres chez le cheval, la zone dépourvue de dents qui se situe entre les crochets et les prémolaires. Chez la jument, cet espace est compris entre les incisives et les prémolaires. C’est sur cette région que repose une partie des canons du mors. La conformation est plus ou moins élevée, plus ou moins tranchante, plus ou moins arrondie. Tout cheval qui a les barres blessées ne doit pas être monté en mors avant guérison complète.
Les « dents de loup » et « dents de cochon »
La « dent de loup » apparaît parfois vers l’âge de 1 ou 2 ans : c’est la première prémolaire supérieure (elle peut être incluse dans la formule dentaire). Elle est de toute petite taille et se trouve collée à la deuxième prémolaire. Sa forme irrégulière est souvent pointue, ce qui provoque des blessures au niveau de la commissure des lèvres lors d’actions de mains trop violentes et des meurtrissures de la face interne des joues. D’autre part certaines « dents de loup » dites incluses ne sont pas visibles. Il est conseillé de les extraire systématiquement le plus tôt possible.
La « dent de cochon » : première prémolaire inférieure et surnuméraire (elle n’est pas incluse dans la formule dentaire). Son apparition est plus rare que celle des « dents de loup » et se retrouve plutôt chez les trotteurs.
Rôle et mouvement des différents types de dents
Le cheval étant un herbivore, on distingue deux types de dents fonctionnelles. Les incisives coupent l’herbe que les lèvres ont sélectionnée, saisie et amenée vers la bouche. Les molaires et les prémolaires broient les aliments par un mouvement de mastication essentiellement latéro-latéral. Le cheval écrase sa nourriture, c’est pourquoi la surface de ses dents s’use progressivement. De plus, les incisives, les prémolaires et les molaires du cheval sont des dents à la croissance continue (dents hypsodontes). Une usure dentaire permanente est donc indispensable. Cette usure commence lorsque les dents de la mâchoire supérieure entrent en contact avec celles de la mâchoire inférieure, avant que la racine soit totalement développée. Les dents du cheval ont une croissance prolongée, de 2 à 3 mm par an, jusqu’à l’âge de 20 ans environ. Contrairement aux rongeurs, dont les dents ont une croissance illimitée, les dents du cheval poussent jusqu’à une longueur donnée. Elles sortent peu à peu de leurs alvéoles pour que le contact entre mâchoire supérieure et inférieure soit maintenu.
Une surveillance régulière de l’état dentaire, et cela dès l’âge de 18 mois à 2 ans, est indispensable chez tout cheval ou poney. Cet examen dentaire va permettre d’éviter certains problèmes :
- Chez le jeune cheval, une surveillance régulière va permettre de corriger d’éventuel défauts liés à la mise en place de la dentition définitive et qui sont à l’origine d’inconforts, voire de douleurs.
- A tout âge, une surveillance régulière va permettre de prévenir la plupart des pathologies liées à un mauvais état de la dentition (usure irrégulière, tartre, carie, etc.) pouvant entraîner des difficultés au travail, des troubles de la mastication avec risque d’amaigrissement, de coliques, etc.
- Chez le cheval âgé, une surveillance régulière va permettre de prévenir essentiellement des troubles nutritionnels majeurs liés à une diminution de l’efficacité de la mastication.
L’examen dentaire est donc un acte indispensable et le cheval doit y être habitué dès le plus jeune âge, au même titre que le ferrage.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos