Et hop! Un filet d'huile dans leur ration. Chaque année, en début d’hiver, mes chevaux ont le droit à cette petite attention. En discutant avec d’autres propriétaires de chevaux, j’ai entendu des avis très différents sur l’intérêt de l’huile dans la ration. Je vous propose donc de faire un petit point sur les avantages de l’huile végétale dans la ration de nos chevaux …
Ajouter de l’huile dans la ration a-t-il un sens ?
Les besoins énergétiques du cheval sont principalement couverts par l’herbe et les fourrages. Comme les autres herbivores, les équins sont capables de digérer les cellules végétales constituées de fibres, qui sont des glucides complexes (cellulose, hémicellulose et pectines) composés de très longues chaînes de sucres. Les fibres sont fermentées lentement par des bactéries fibrolytiques hébergées dans le gros intestin. Le résultat de cette fermentation est la production d’acide gras à chaîne courte (AGCC) qui représente le substrat énergétique principal des chevaux. Cette fermentation lente des fibres permet donc au cheval nourri avec des fourrages de bénéficier d’une source continue et abondante d’énergie.
En parallèle, le cheval est capable d’utiliser l’amidon contenu dans les céréales et les lipides bien qu’ils ne soient pas présents en grande quantité dans le régime alimentaire de base du cheval.
La digestion des lipides a principalement lieu dans l’intestin grêle du cheval où des enzymes (lipases) découpent les triglycérides en acides gras longs. Les acides gras produits sont absorbés et peuvent être utilisés par le cheval comme une source d’énergie.
Les lipides présentent l’avantage d’être le composant le plus riche en énergie et sont ainsi la façon la plus efficace d’apporter de l’énergie dans la ration sans avoir à augmenter son volume. Ils trouvent donc leur intérêt dans les rations des chevaux qui effectuent un travail intense (et qui nécessitent donc des apports énergétiques supérieurs) et chez les chevaux qui nécessitent de gagner de l’état.
Concernant la distribution, deux précautions sont à prendre : l’huile est sensible à la chaleur et à la lumière, qui la font rancir (oxydation des graisses, l’huile prend une odeur de poisson), il faut donc la conserver dans un endroit sombre et frais. Et, l’apport d’huile n’a d’intérêt que s’il est effectué sur une longue période, c’est-à-dire plusieurs mois.
Concernant les apports, Wolter (1999) recommande de plafonner le taux lipidique d’une ration à des maxima de l’ordre de :
5 - 7 % pour les chevaux au travail
10 - 12 % pour les chevaux d’endurance ou pour les chevaux nécessitant une reprise d’état.
Cas particulier : L’huile de foie de morue est-elle bonne pour le cheval ?
Cette huile est riche en acides gras polyinsaturés à chaîne très longue, mais aussi en vitamine A et D. Pas question donc d’en distribuer tous les jours, au risque de provoquer un excès de ces deux vitamines.
Si le cheval est habituellement au pré et ne reçoit pas de complément qui en contient déjà, en hiver, l’huile de foie de morue peut remplacer l’huile végétale (de colza ou de soja) une fois par semaine à raison de 25 ml ce jour-là.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos