L’alimentation spécifique du cheval d’endurance

La génétique détermine 40 % du potentiel sportif d’un cheval : l’alimentation et l’entraînement font les 60 % restants. Une alimentation soignée, dès la période néo-natale, est très importante pour garantir un développement optimal du poulain. Chez le cheval adulte et plus particulièrement le cheval de sport, l’alimentation doit garantir, d’une part une quantité d’énergie et de nutriments optimale pour l’effort prévu, et d’autre part, une bonne santé intestinale et un bien-être général du cheval.

Le cheval d’endurance a besoin d’une grande quantité d’énergie. De plus, celle-ci doit être fournie tout au long de l’effort qui est de longue durée, sans épuiser l’organisme ni engendrer d’effets toxiques.

L’énergie

L’énergie peut être apportée sous trois formes :

- L’amidon qui se trouve principalement dans les céréales et les aliments concentrés, est digéré au cours du processus enzymatique dans l’intestin grêle : il est transformé en molécules de glucoses, puis assimilé par l’organisme. Le glucose peut être utilisé tout de suite par l’organisme pour fabriquer de l’énergie. Il peut également être stocké sous forme de glycogène dans les muscles et le foie, ou de graisse s’il y en a vraiment trop par rapport aux besoins. Le glucose et le glycogène peuvent être utilisés pour fabriquer de l’énergie de deux façons : en présence d’oxygène (conditions aérobies) ou sans oxygène (conditions anaérobies). En conditions anaérobies, l’utilisation du glycogène et du glucose est beaucoup moins efficace qu’en conditions aérobies. De plus, cela engendre la production d’acide lactique qui provoque des courbatures et accélère la fatigue musculaire pendant l’effort. Or lorsque l’effort devient trop important, les muscles n’ont pas le temps de recevoir suffisamment d’oxygène par la circulation sanguine, et le métabolisme anaérobie se met en route pour fabriquer l’énergie. Grâce à l’entraînement, le cheval peut repousser les limites de la mise en route du métabolisme anaérobie. Le glycogène est intéressant pour les efforts intenses qui demandent de l’énergie rapidement, mais pas pour les efforts de longue durée, car les réserves de glycogène s’épuisent rapidement, et engendrent le risque de production d’acide lactique.

- La cellulose qui se trouve dans les fourrages, est digérée par le processus de la digestion microbienne dans le gros intestin du cheval. Les micro-organismes intestinaux la transforment en Acides Gras Volatils (AGV), qui sont ensuite absorbés et peuvent fournir jusqu’à 25% de l’énergie dont le cheval a besoin au repos. Ils produisent de l’énergie pour le travail aérobie : le gros intestin sert de réservoir pendant l’effort si le fourrage est de bonne qualité. Cela permet de ne pas épuiser les réserves de glycogène, d’où l’intérêt de fournir une bonne quantité de fourrage dans la ration du cheval d’endurance.

- Les matières grasses, qui peuvent être apportées sous forme d’huile végétale, sont digérées et absorbées dans l’intestin grêle sous forme d’acides gras qui sont ensuite stockés dans les cellules situées dans les cellules musculaires. Les matières grasses sont également en partie utilisées par les bactéries du gros intestin (digestion microbienne) pour produire des acides gras volatils.

La digestion des matières grasses puis leur acheminement vers les cellules musculaires est relativement long par rapport à la disponibilité immédiate du glycogène. L’intérêt des matières grasses dans l’alimentation du cheval de sport est valable pour les efforts de longue durée mais pas tellement pour les efforts courts et intenses comme le sprint ou le saut d’obstacles. De plus l’utilisation de la graisse n’est possible que par le métabolisme aérobie : plus le cheval d’endurance est en forme, plus il utilise son métabolisme aérobie, et plus l’utilisation de la matière grasse dans son alimentation est intéressante. La production d’acide lactique n’est pas possible, ce qui est un autre avantage. Le métabolisme graisseux engendre 30 % de chaleur en moins par rapport au métabolisme du glucose, ce qui est très utile pour augmenter la résistance à la chaleur pendant l’effort. Enfin, l’apport de matières grasses sous forme de concentré de calories permet au cheval de consommer plus de fourrage, contrairement aux aliments concentrés riches en amidon qui se substituent en partie au fourrage. L’huile est très bien assimilée par le cheval (Huile de soja).

Les autres nutriments

Les protéines sont indispensables pour faire fonctionner l’organisme, mais ne doivent pas être distribuées en trop grande quantité. La ration doit comporter au maximum 10 % de protéines. En effet, le surplus de protéines est éliminé par l’urine, ce qui fait que les chevaux ayant un régime trop riche en protéines urinent plus que les autres. Or en endurance, il faut que le cheval garde son eau pour éviter la déshydratation. De plus l’utilisation des protéines pour produire de l’énergie s’accompagne d’une forte production de chaleur, et de sous-produits et déchets toxiques pour l’organisme.

Les vitamines et les minéraux doivent être suffisants dans la ration. Il faut surtout complémenter en vitamine E (Es Deos Liquide) pour une meilleure utilisation des graisses, et en sel pur (Pierre minérale). Après une course, lorsque le cheval a beaucoup transpiré, on peut administrer des électrolytes afin que le cheval puisse reconstituer ses réserves au plus vite, et se réhydrater plus facilement (Deoselectro). En effet, la sueur du cheval est très concentrée en minéraux, ce qui entraîne d’une part une perte importante de minéraux lorsqu’il transpire, et d’autre part une moins bonne rétention de l’eau à cause de la quantité moindre de minéraux dans le sang, et donc une transpiration plus abondante.

Le bien-être

Le fourrage permet une bonne hygiène intestinale du cheval. C’est un aliment long à mastiquer qui occupe et tranquillise le cheval. Il permet également d’encourager le cheval à boire. Il retient l’eau et les éléments minéraux (électrolytes) dans le tractus digestif, ce qui constitue une réserve intéressante.

Pour assurer le bien-être du cheval, le fourrage doit constituer au minimum 50 % de la ration totale. La ration du cheval d’endurance doit donc être constituée d’au moins 50 % de bon foin (ou herbe) et si possibilité à volonté. La quantité de graisse peut aller jusqu’à 10 % afin de fournir une bonne quantité d’énergie pendant l’effort. Il faut introduire progressivement la matière grasse dans l’alimentation du cheval, et lui en donner quotidiennement (environ 2 tasses par jour) afin que son organisme apprenne à l’utiliser comme source d’énergie. L’utilisation d’aliments concentrés doit être de moins de 50 % de la ration totale en poids, et il ne faut pas en donner plus de 2kg à la fois, car la capacité de digestion serait dépassée, ce qui peut entraîner des coliques ( Endurace).

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos