alimentation chevaux

« Petit poisson deviendra grand, pourvu que Dieu lui prête vie », écrivait Jean de la Fontaine dans ses célèbres fables. Je trouve que l’adage s’adapte parfaitement au poulain, car atteindre l’âge adulte en parfaite santé n’est pas une mince affaire pour lui.
Tour d’horizon des maladies les plus couramment rencontrées par les jeunes chevaux …

A les voir gambader et jouer dans les prés autour de leur mères, nos poulains semblent vivre dans un monde idyllique, avant le sevrage, le débourrage et le travail. Mais derrière cette image d’Épinal et la joliesse de la scène, la route est semée d’embûches pour les poulains.

Pathologies, erreurs de la nature, malformations, complications, traitements, la santé du poulain n’est pas chose aisée. Il existe donc bien des maladies spécifiques aux jeunes chevaux.

Mais attention, en termes médicaux, on parle de poulain nouveau-né, jusqu’à trois semaines d’âge maximum. Ensuite, jusqu’au sevrage, l’animal reste poulain. Il y a donc deux phases : néonatale dans les premières semaines de vie, et d’adaptation jusqu’à six ou sept mois avant l’âge adulte si l’on peut dire. Passé cet âge, ce n’est plus un poulain, car on entre dans des pathologies de chevaux adultes.

Je vous propose donc une liste des risques encourus par le poulain et les moyens d’y remédier.

Septicémies néonatales

Cela peut arriver à un poulain souffrant d’un déficit de transfert d’immunité et soumis à une forte pression d’infection. Cela peut être aussi la conséquence d’un colostrum de mauvaise qualité, de conditions d’hygiène médiocres ou, malgré une bonne conduite d’élevage, de la présence d’un germe très agressif dans l’environnement.

Quant une septicémie touche un poulain, il faut désinfecter l’environnement.

Si l’on ne peut prévenir une septicémie, adopter certaines règles permet de donner au poulain une meilleure immunité à la naissance. Par exemple s’assurer d’une bonne gestion de la poulinière tout au long de sa gestation, donc être à jour sur la vermifugation, les vaccinations (en particulier la protection contre la rhinopneumonie), la prise de compléments minéraux, d’oligo-éléments et d’une bonne nourriture.

Pour éviter au maximum les risques de septicémie, certaines structures vétérinaires accueillent des juments au poulinage et administrent des sérums aux poulains dès la naissance (un sérum antitétanique et un autre prévenant les principales affections néonatales du poulain).

Les septicémies peuvent toucher les poulains jusqu’à deux ou trois semaines d’âge, mais c’est principalement au cours de la première semaine que les risques sont les plus importants. Prise à temps, une septicémie peut se soigner, mais la prise en charge est lourde et massive, avec des perfusions au long cours et une surveillance permanente.

Pour diagnostiquer une septicémie, rien ne vaut l’examen clinique par un vétérinaire. Cependant, un poulain avec des muqueuses rouges-violacées, de la température, une diarrhée et un abattement dans les premiers jours de vie a de fortes chances de présenter un état septicémique.

Diarrhées du poulain

En soi, le terme de diarrhée néonatale ne définit pas une pathologie particulière, car il peut y avoir des diarrhées liées à des vers, des bactéries ou des virus.

Le poulain y est sensible jusqu’à trois semaines environ. Cela s’exprime comme des diarrhées classiques, à savoir, des matières fécales pâteuses voire liquides. Pour diagnostiquer le germe responsable, il faut passer par des analyses laboratoires afin de déterminer avec précision le ou les agents en cause.

Le traitement diffère en fonction des résultats.

Ces pathologies sont à prendre au sérieux, car si la diarrhée en elle-même n’est pas nécessairement grave, les complications liées à la présence d’un germe peuvent, elles, être dramatiques (les germes, arrivés d’abord au niveau intestinal, peuvent se fixer sur les poumons, le cœur ou les articulations. Un poulain avec une diarrhée qui ne cesse pas peut ainsi contracter de l’arthrite, et présenter, au final un jarret ou un boulet complètement abîmé).

Rhodococcose

Très connue dans le monde de l’élevage, la rhodococcose touche les poulains à partir d’un mois. Il s’agit d’une bactérie tellurique, c’est-à-dire une bactérie très présente dans le milieu ambiant. Les vétérinaires identifient des « élevage à rhodococcose », où des cas sont régulièrement déclarés.

La présence de ce germe provoque de lourdes pertes économiques. Sur un cheptel de cent poulinières, par exemple, si quarante poulains sont touchés par la rhodococcose, une trentaine meurt. Cela peut vraiment balayer une exploitation.

La symptomatologie est très polymorphe : il existe des formes respiratoires, des formes cardiaques, et des formes sans autre signe qu’un abattement. C’est pourquoi, il ne faut jamais oublier cette pathologie et ne pas hésiter à faire une recherche, parce que les traitements sont spécifiques et souvent difficiles à mener à terme.

Si l’existence de cette bactérie est connue, il semble néanmoins difficile de la prévenir et de l’éliminer.

L’isoérythrolyse

Plus qu’une maladie, l’isoérythrolyse s’apparente davantage à une erreur de la nature.

Dans les premières heures de vie (douze heure), le tube digestif du poulain est perméable. Il laisse passer plein de molécules et permet aux anticorps de la mère de traverser la muqueuse pour aller dans le sang afin de protéger le poulain. Or, parfois, les anticorps de la mère, qui se trouvent dans le colostrum, se retournent contre les cellules du poulain. Ils ne reconnaissent pas le poulain et, par conséquent, agressent ses globules rouges en les faisant éclater.

Très rapidement, le poulain se retrouve donc anémié. Le seul recours efficace est la transfusion, qui peut sauver le poulain si elle est effectuée à temps.

Ensuite, si l’on a donc un doute sur la qualité du lait de la jument, il n’est pas nécessaire de la retirer de l’élevage : au poulinage suivant, on empêchera le poulain de téter sa mère dans les trente-six heures de vie. Car normalement, après ce laps de temps ; le tube digestif redevient imperméable à ce genre de molécules. Au bout de trente-six heures, le poulain peut donc à nouveau téter sa mère sans risquer une isoérythrolyse. En attendant, il faudra donc lui administrer un colostrum du commerce ou celui d’une autre jument.

La rétention de méconium

La rétention de méconium peut entraîner des coliques chez le nouveau-né. Dans les douze premières heures de vie, le poulain doit expulser les premières matières fécales appelées méconium. Il arrive que certains poulains aient du mal à l’expulser. Par conséquent, cela crée un bouchon dans la partie terminale du tube digestif. Au bout de quelques heures, le poulain souffre d’une colique, car aucune matière ne peut sortir. Des lavements à l’eau savonneuse et des médicaments afin de limiter la douleur et essayer de ramollir le bouchon permettent généralement la guérison.

Les hernies ombilicales

Il s’agit de problèmes de fermetures musculaires au niveau de l’ombilic.

La paroi musculaire laisse un trou où s’engagent des anses intestinales. C’est presque une malformation. Si l’on n’arrive pas à passer 2 doigts dans le trou, bien souvent on ne fait rien, car bien souvent cela se referme au cours de la croissance. En revanche, si les anses intestinales s’engagent dans un trou supérieur à deux doigts, il faut généralement opérer pour refermer le trou.

Cette intervention n’est pas une urgence, et le pronostic est souvent favorable.

La vaccination

Une mère vaccinée aura dans son colostrum des anticorps contre les maladies pour lesquelles elle a été vaccinée, notamment la grippe et la rhino.

Un poulain issu d’une mère vaccinée peut attendre six mois avant sa première injection de vaccin. En revanche, pour un poulain issu d’une mère n’ayant jamais été vaccinée ou pas à jour de ses vaccins, le protocole vaccinal doit être avancé vers l’âge de quatre mois.

Côté vermifuge, les poulains reçoivent leur première dose avant l’âge d’un mois.

Les problèmes de croissance

Les poulains carencés ont tendance à connaître des soucis de croissance avec des problèmes de cartilages ou d’ostéochondrite disséquante, c’est-à-dire quand un petit bout d’os s’attache mal et se balade dans les articulations.

Mais il est vrai aussi que les poulains suralimentés peuvent rencontrer les mêmes problèmes.

Comme d’habitude, les extrêmes ne sont jamais très bons.

En bonne santé, c’est quoi ?

Pour juger du bon état de santé d’un poulain, le critère important est l’état d’éveil du poulain. Un poulain qui joue, tète et fait ses manières … se porte bien !

D’autres critères, plus techniques, sont à interpréter avec précaution. Ainsi une température à 38.7°C peut tout aussi bien être normale que le signe d’une pathologie sous jacente … Il faut connaître son poulain ! Savoir distinguer ce qui est normal, au niveau comportemental, de ce qui ne l’est pas. Cela ne s’apprend pas dans un livre. Il faut nécessairement y être confronté !


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos