« Onze mois et onze jours » pourrait être un titre de film ou de roman … Mais c’est aussi et surtout la durée moyenne de la gestation de la jument. Le 11ème jour du 11ème mois approche, le poulain tant attendu sera bientôt là ! Pour que tout se passe bien et que la gestation arrive à son terme dans de bonnes conditions, quelques précautions s’imposent. Pas d’affolement, la jument se charge de tout à condition d’être correctement nourrie et en bonne santé.


L’erreur la plus commune est d’augmenter la ration de la jument gestante dès le début de la gestation. Or la croissance et l’ossification du poulain ne se produisent que dans les dernières semaines précédant la mise-bas. Il faut donc considérer que les besoins de la mère ne sont pas accrus avant le 8ème mois. Ils sont même généralement diminués puisqu’aucun travail ne lui est demandé. Entre le 8ème mois et la mise-bas, l’apport alimentaire peut être augmenté progressivement et modérément : pour une jument de 500 kg, les besoins énergétiques passent pendant cette période de 5 à 6 Unités Fourragères Cheval et les besoins protéiques de 400 à 500 g de Matières Azotées Digestibles, soit une élévation de 20 à 25 %. Ce n’est que pendant la lactation que les apports devront être multipliés par deux ou par trois.


Évitez de trop nourrir !

La suralimentation n’est pas sans danger. Un excès énergétique favorise le dépôt de graisse dans tous les organes de la mère. Les mamelles infiltrées de tissus graisseux produisent moins de lait. Le passage du poulain dans les voies génitales rétrécies par cette surcharge peut s’avérer plus difficile. Le produit lui-même peut être atteint et son surplus de poids complique son expulsion lors de la mise-bas. Un excès alimentaire en protéines provoque quant à lui une saturation du fonctionnement du foie et une perturbation de la flore intestinale avec baisse de fertilité et augmentation du risque d’avortement.
La sous-alimentation n’est pas moins risquée car elle a des répercussions sur la croissance du poulain, la qualité du colostrum au moment du poulinage et sur l’ensemble de la lactation à venir. Outre les risques majorés d’avortement et mortalité néonatale, la malnutrition est responsable de difficultés de mise-bas par atonie utérine et d’infertilité post-partum.

Une ration, ça se calcule !

Seul un calcul de rationnement permet de déterminer avec précision quelles quantités d’aliments doivent être distribuées quotidiennement à l’animal, en tenant compte de l’ensemble de ses besoins : modérés s’il s’agit d’une jument adulte au repos, majorés s’il s’agit d’une jument n’ayant pas fini sa croissance, maximums s’il s’agit d’une jument pleine et allaitante ! Il est nécessaire pour cela de se référer aux tables alimentaires publiées. Les aliments choisis sont en général le foin de bonne qualité, l’herbe si on en dispose et les granulés industriels ( Repro GR) qui permettent un bon ajustement des rations. Les aliments à moins de 12% de protéines sont parfaits en début de gestation, et pourront être par la suite, et surtout pendant la lactation, remplacés par des aliments spécifiques élevage de 14 à 16 %. Ces aliments plus riches ont le gros avantage en fin de gestation, lorsque la jument est oppressée par le poids du poulain et mange moins, de pouvoir élever la valeur de la ration sans en augmenter le volume.

Attention aux carences en vitamines et en oligo-éléments

Un autre avantage des aliments industriels est leur richesse en vitamines et oligo-éléments dont l’apport à la jument pleine est indispensable. Comme toujours chez le cheval, les apports en calcium et en phosphore doivent être quotidiens et équilibrés, surtout dans le dernier mois lorsque le squelette du poulain commence à s’ossifier. Une carence en ces éléments ne se répercute guère sur le fœtus car la mère puise dans son propre squelette pour assurer les besoins de son produit. C’est donc elle qui en subit les conséquences. Tous les oligo-éléments sont bien entendu indispensables à la gestation, mais parmi ceux-ci, on a pu montrer que le cuivre et le zinc jouent un rôle crucial dans le développement du système ostéo-articulaire du fœtus, et que des carences avérées pourraient être à l’origine de lésions osseuses avant même la naissance. C’est pourquoi un apport en cuivre ou en zinc sous forme chélatée est conseillé.
De même, les vitamines sont presque toutes impliquées à un niveau ou à un autre dans les mécanismes de la reproduction. Un apport complémentaire peut être envisagé si l’alimentation semble insuffisante, surtout en ce qui concerne les vitamines A et E ( VITA AD3E). Si la jument est élevée exclusivement à l’intérieur, un apport raisonné en vitamine D peut être nécessaire.

 

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos